264# Je veux recevoir ce que je mérite

Comprendre le mérite à la loupe

La période des fêtes de fin d’année est toute proche de nous. Chacun a prévu un budget. Plusieurs ont commencé à faire une liste, a réfléchi aux cadeaux qu’il va offrir à ses proches, à des amis, à son chéri, à ses enfants. Et j’ai pensé que c’était une super occasion de se poser ensemble sur ce que veut dire « Je veux recevoir ce que je mérite», une pensée qui nous traverse parfois.

Il m’est arrivé d’’entendre la réaction de personnes qui se disent « je mérite ça quand même », ou bien « je ne méritais pas ça ». Alors que l’on est en train de focaliser l’attention sur les cadeaux de Noël, sur l’envie de faire plaisir, mais aussi sur ce que l’on pense mériter de recevoir, que ce serait vraiment une super occasion de s’arrêter sur ce sujet. 

Je suis ravie de vous retrouver même si je ne suis pas dans mon studio habituel, comme ça peut s’entendre. En effet, je me trouve dans un aéroport, bien loin de Marseille. Et même si je suis loin, je pense à vous.

Un sujet bien personnel 

Ce n’est pas par hasard que le sujet m’est venu. Il fait également à des pages de ma propre vie. Je me souviens avoir été privé d’un cadeau initialement prévu par mes parents. Ils avaient estimé que je ne le méritais plus. 

Je pense que ceux parmi vous qui ont vécu des expériences se rapprochant peuvent mesurer à quel point l’idée de fonctionner sur la base du mérite peut être impactant. Les fait de réfléchir en termes de mérite, d’avoir une sorte d’attachement au corps, à la notion de mérite, peut marquer longtemps D’ailleurs, clarifier cette position sur le mérite peut être vraiment libérateur.

Peut-être que de temps en temps la question qui vous vient à l’esprit. Vous vous demandez si vous méritez ce que vous êtes en train de vivre. Peut-être que certains d’entre vous se demandent à l’inverse « je mérite mieux que ce que je suis en train de vivre » ou bien « pourquoi ça m’arrive? Je ne mérite pas ça. » Voyez que ce genre de formulation, même si elles n’emploient pas le verbe mériter, sont en relation avec une impression d’injustice. Parfois, c’est avec une aspiration à vivre autre chose que ce que l’on vit, avec une déception, une frustration.

Sous la surface

Qu’est-ce qui motive, d’après vous, cette nécessité de s’interroger sur le mérite? Qu’est-ce qui fait qu’on peut se dire « est-ce que je mérite ce que je vis » en ayant l’impression d’usurper le plaisir ou la place de quelqu’un d’autre? On peut aussi se demander ce qui peut nourrir l’envie de penser « je ne mérite pas ça »? 

Toute personne qui souffre d’une blessure d’injustice doit le penser régulièrement. Parfois même cette question l’incite à jouer des coudes pour obtenir ce qu’elle mérite au lieu de formuler une demande, au lieu de construire. Quand on se surprend à revendiquer quelque chose au lieu de le demander, c’est peut-être l’impression justement de ne pas avoir obtenu ce que l’on méritait qui peut nous pousser à cette revendication. On peut se surprendre à taper du poing sur la table, à tenir, à s’attacher, à vouloir, comme se battre pour obtenir ce que l’on mérite. 

Vous savez et vous sentez, si vous êtes concernés par le sujet, que c’est loin d’être une satisfaction profonde. Il n’y a là aucune jouissance, bonheur, plaisir que de prendre conscience que l’on ne vit pas ce que l’on pense que l’on aurait mérité de vivre.

La motivation cachée

Alors je reviens à ma question qu’est-ce qui motive ce genre de question? Pourquoi raisonner sur la base du mérite? Quelque part, je pourrais vous interroger sur la liste de ce que vous méritez et de ce que vous ne méritez pas. Est-ce qu’elle existe, quelque part écrite, tangible, palpable? Et si c’est le cas, sur quoi s’est-elle fondée? Existe-t-il une manière objective de définir ce que quelqu’un mérite? « Je mérite la vie, je mérite le respect. » Est-ce que ces choses-là sont subjectivement présentes dans notre vie? Si justement elles le sont, elles pourraient nous abîmer?

Un fondement vaporeux

Entendez-vous combien la liste de ce que nous pensons mériter ne tient pas à grand-chose? Alors quelques-uns pourraient rétorquer qu’on mérite la vie, on mérite le respect, on mérite que nos parents nous donnent ce dont on a besoin. On mérite. On mérite quoi? Que mérite-t-on au juste?

Je reviens une fois encore à ma question : sur quoi fonder le juste mérite? Est-ce que le fait que mes parents me donnent ce dont j’ai besoin est fondé sur le mérite? Est-ce que quand quelqu’un me respecte, c’est parce que je le mérite? 

Cette lecture biaisée de la vie peut participer à faire que l’on s’installe dans un inconfort colossal finalement, un inconfort qui peut participer justement à abîmer notre manière d’être en relation. Non seulement, cela impacte la relation à soi-même, mais la relation aux autres. Cela nous pousse à attendre des autres des choses qui sont évidentes, qui tombent sous le sens selon nous, alors qu’en réalité, il n’en n’est rien. Tout cela parce que les bases au mérite n’existent tout simplement pas. La vie se mériterait-elle?

Alors, je reviendrai à la fin de ce podcast sur des éléments qui, selon moi, ne se méritent pas. 

L’absence de fondement du mérite

Je voudrais déjà poser le cadre de l’absence de fondement du mérite. Il n’y a pas, selon moi, de fondement clair ou de cadre que l’on pourrait placer en disant : tout ce qui s’y trouve, je le mérite, et tout ce qui est en dehors de ce cadre, je ne le mérite pas. Par conséquent, ça ne devrait pas être présent dans ma vie. Ça n’existe pas.

Et si vous avez construit votre existence avec des éléments qui pourraient se rapprocher de cette capacité à lister ce que vous méritez et ce que vous ne méritez pas, vous savez désormais que vous pouvez prendre le cadre contenant vos mérites et le vider. Que tout ce que vous considérez comme devant être mérité disparaisse. Vous ne méritez rien. La vie ne vous doit rien. Personne ne vous doit rien. Cela nous conduit aussi au pendant inverse. C’est-à-dire que vous ne devez rien à personne. À personne. Vous n’êtes obligé de rien vis-à-vis de quelqu’un d’autre.

Un fondement qui secoue

Je sais que ça peut être un peu désarçonnant parce qu’on se dit que, quand même, on doit le respect, on doit certaines choses… Non, non, je le répète, vous ne devez rien à personne. Rien. Mais alors, comment vivre les relations sociales? Comment peuvent-elles se construire un équilibre? Comment peuvent-elles être saines? Ça, c’est une autre question.

J’ai besoin que là, au présent, vous puissiez regarder votre vie en accueillant la réalité, que vous ne méritiez rien. Je rappelle aussi que ceux qui sont en relation avec vous ne méritent rien de ce que vous leur donnez. Ce chemin permet de sortir des sentiers de l’injustice. 

Les autoroutes de l’injustice

J’ai choisi l’image de sentier, mais pour certains d’entre vous, ce serait plus judicieux de parler d’autoroutes de l’injustice. Parce que vous êtes conscient que vos relations sont construites avec une volonté de veiller à ne subir aucune injustice. Vous avez verrouillé certaines choses, vous en avez cadré d’autres pour vous assurer que rien ni personne ne vienne participer à nourrir la blessure d’injustice. Et ce faisant, à votre insu, vous construisez des relations dans lesquelles vous veillez à activer l’injustice.

Certains me demande pourquoi. «Comment est-il possible que moi qui ne veux pas d’injustice, je vive tant d’injustice dans mon quotidien». En réalité, vous pensez trop souvent à l’injustice. Or, le fait de penser à l’injustice pour trouver comment bloquer, empêcher, enrayer l’injustice, fait que vous pensez souvent à l’injustice. En effet, la pensée négative n’existe pas.

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La pensée négative n’existe pas

La pensée négative n’existe pas. Penser «Je ne veux pas d’injustice » fait que votre cerveau focalise son attention sur l’injustice. Donc, vous voyez et déclenchez des situations d’injustice. Il n’y a rien d’étonnant à ce que vous ayez une tendance à être focalisé sur ce que vous méritez et sur ce que vous ne méritez pas. Vous êtes aussi sur ce que les autres méritent et sur ce qu’ils ne méritent pas.

Abandonner la logique du mérite

C’est pourquoi je vous invite à sortir de ce fonctionnement de l’injustice en abandonnant la logique du mérite. Dites-vous «Je choisis de ne plus considérer mes relations amicales, familiales, professionnelles, de voisinage sur la base du mérite et de les construire». Mais sur quoi les fonderez-vous? 

Vous savez qu’on n’enlève pas une mauvaise habitude, une manière de penser néfaste, en l’enlevant simplement. On a besoin de la remplacer par une autre, sans quoi elle viendra de nouveau prendre place. (Voir le podcast n°110, «Je vous assure que vous croyez en vous»)? 

Si donc vous voulez sortir du mécanisme devenu automatique chez vous de penser injustice, vous aurez d’abord besoin de cesser de penser à l’injustice. Ok, pour cela, mais, par quelles pensées remplacer cette pensée à évincer? 

Un travail personnel indispensable

Sans doute que vous attendez que je vous donne la réponse. Pourtant, je pense qu’il est beaucoup plus fécond que vous preniez le temps de réfléchir à ce que vous voulez mettre à la place de vos pensées empoisonnées. Par contre, prenez attention pour ne pas focaliser l’attention sur ce que vous ne voulez pas vivre. En l’occurence, l’injustice. Cherchez plutôt ce que vous voulez vivre.

Peut-être que la logique voudrait que l’on remplace toutes ces pensées d’injustice par des pensées de justice. Je ne suis pas certain que ce soit le choix le plus fécond. Pourquoi ? Dans la mesure où l’injustice et la justice sont tellement collées dans le quotidien des personnes qui souffrent de cette blessure, l’injustice aura tendance à s’adosser aux pensées de justice. Or, penser justice équivaudra à penser à l’injustice.

Je préférerais qu’on adopte d’autres approches, qu’on regarde autre chose que la justice? Une chose plus large, plus globalisante et, en même temps, qui permet de poser des actes concrets. Une fois encore, je ne vous donnerai pas la liste de ce que vous pourriez utiliser pour remplacer la justice. Je vous donne des principes ; quelque chose qui soit en même temps plus large, des manières de penser. Et une façon de raisonner qui soit en même temps plus précise parce que centrée sur des actes.

Le pouvoir des actes

C’est-à-dire que vous verrez la mise en œuvre de ce que vous voulez mettre à la place de l’injustice quand vous aurez posé des actes. Je vais juste m’expliquer un peu plus sur ce que je suis en train de partager avec vous sur un domaine qui n’a rien à voir avec celui du mérite ou de l’injustice. Supposons que je veuille me séparer d’une tendance que j’ai constatée chez moi qui serait la jalousie.

Je pourrais naturellement me dire que j’utiliserai l’opposé de la jalousie qui serait la confiance, une sorte de lâcher-prise. Cela pourrait avantageusement venir remplacer la jalousie, à priori. Seulement, à chaque fois, je penserai à la confiance, puisque c’est l’opposé selon moi de la jalousie,  j’aurai une tendance naturelle à repenser à la jalousie. Or, l’idée qui était de ne plus penser à la jalousie s’effondrerait !

Par contre, penser à quelque chose qui n’aura plus de levier pour arroser la mauvaise herbe qu’est la jalousie dont je veux me débarrasser pourrait fonctionner. Donc, à la place de la jalousie, qu’est-ce que je pourrais mettre en œuvre qui pourrait en plus se manifester par un acte concret?

L’idée de penser à la place de… est intéressante. Toutefois, n’elle n’est pas suffisante parce qu’elle ne met pas en mouvement. Or, ce qui enclenche le changement, ce qui me permet de voir le changement, n’est pas seulement une manière de penser différente, mais une manière d’agir différente. Parce que là, je suis sur du concret et du pratique. Il n’y a plus l’ombre d’un doute.

La preuve sous les yeux

Quand je vois mon acte posé, je sais avoir ou être en train de changer. Par contre, quand je pense différemment, je ne sais pas si j’ai changé. Je sais que je pense différemment, que j’ai eu accès à ma nouvelle manière de penser, mais je ne sais pas forcément si elle a été fécondée. Je l’ignore puisque c’est l’action qui manifeste la fécondation d’une nouvelle manière de penser et donc, de ressentir (émotions)

Cas pratique

Donc, par quoi pourrai-je remplacer ma tendance à penser à la jalousie qui se manifeste par des actes? Évidemment, l’envie de contrôler le téléphone de ma femme. Le «besoin» de vérifier que les emails qu’elle reçoit sont exempts de tout ce qui pourrait me menacer. Je pourrai être poussé à veiller à ce que quand elle discute avec quelqu’un, elle n’ait pas de comportements ou des mots qui pourraient me laisser penser qu’elle est intéressée par cette dernière. Voilà des actes concrets posés, que je suis conscient de pratiquer.

J’ai donc conscience qu’il sera nécessaire de me contenter de vouloir penser autrement. Je sais avoir besoin de poser des actes différents et concrets, vérifiables. J’accueille cette réalité comme une manière de féconder mon choix de me libérer de la jalousie. 

Comme je vous ai mentionné quelques actes concrets tout à l’heure, dans l’illustration de ce qui manifeste ma jalousie, je pourrai également faire une liste d’actes dans lesquels je pourrai être conscient d’avoir pris une direction différente. Non pas d’avoir pris une direction qui prenne une distance d’avec la jalousie. Encore une fois, je serai encore en train de penser à la jalousie et donc de l’arroser de manière indirecte. Il s’agira cette fois-ci de poser un acte concret qui prenne la direction de ce que je veux semer. Il s’orientera vers la nouvelle plante que j’ai voulu instaurer dans ma vie.

Causalité

En allant plus loin dans la démarche consistant à savoir quelle est la cause de la jalousie, j’apprends qu’elle se fonde sur un manque de confiance en moi (pas en l’autre !). Tout à coup, je ne travaille plus pour ne pas être jaloux, mais pour nourrir ma confiance en moi-même. 

Qu’est-ce qui me permettra de constater que j’ai nourri ma confiance en moi? Comment le verrai-je? A quoi? Les réponse à cette question seront à noter. Je ferai donc la liste d’un certain nombre d’actes qui montrent que j’ai davantage confiance en moi. J’ai davantage confiance en moi qu’en… Etc. Vous pouvez prendre le temps de noter cela si c’est le cas, par exemple, 

Dans ce présent podcast, nous travaillons sur le mérite. Donc, je ne vais pas vous demander de travailler sur la jalousie. Il s’(agissait d’un exemple. Il me permettait de contourner la tentation de vous exempter du travail à fournir sur le mérite. 

Un travail à la racine

Prenant conscience que ma souffrance jalouse trouve sa cause dans un manque de confiance en moi, je travaillerai sur une racine. Ça veut dire que quand je vais remplacer la plante de la jalousie, je vais enlever des racines de cette plante. Ayant identifié la nouvelle plante du développement de la confiance en moi, celle que je mettrai à la place va promouvoir les racines de mon bien-être. 

De la même manière, quand je travaillerai sur le mérite et que je me rendrai compte que j’ai une manière de penser et de fonctionner déviante, je travaillerai pour voir ce qui fait que j’ai le sentiment d’avoir besoin de mériter. Je chercherai ce qui fait que j’ai la conviction qu’il me faille trouver des personnes méritantes pour leur offrir un cadeau. Pourquoi je tiendrai à ce que ces personnes méritent quelque chose pour que je sois leur ami, sans quoi je ne le serai pas. Pourquoi il me tiendra à coeur que les gens méritent avant d’accéder à leur demande. Si ce n’est pas le cas, je sentirai en moi le refus de leur répondre favorablement.

L’étape d’après

Une fois après avoir véritablement compris le fond de la raison pour laquelle je fonctionne sur le mérite, je pourrai mettre une plante à la place que le mérite occupait. Elle prendra racine assistée par tout mon dévouement en vu de son développement. Je regarderai les racines, la cause, et non la surface. Ainsi, je verra fondre mon attachement fort au mérite. 

Inutile de se jeter sur l’éventuel médicament qui enlèverait les symptômes du mérite. Ce n’est pas ce que l’on fait ici, sur Heureux au Présent. Parce que les symptômes jouent un rôle que j’estime important. Ils nous permettront de révéler quelque chose, une réalité profonde.

Si vos symptômes concernant le mérite sont présents, c’est parce qu’ils révèlent un fonctionnement de fond. Le fait que vous posiez des actions différentes après avoir pris conscience des racines permettra naturellement d’atténuer les symptômes. Cela se traduira un jour, dans quelques semaines, voire quelques mois, par le constat que quelque chose a changé en vous. Vous aurez véritablement travaillé sur la cause, non pas sur l’instauration de nouvelles habitudes, mais sur une cause authentique.

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L’excellente mauvaise nouvelle

Je voudrais passer à l’étape suivante, qui est que, en réalité, vous ne méritez rien. J’en ai déjà parlé plus tôt, mais je tiens vraiment à l’ancrer, à l’enraciner. 

Aucune personne qui vous entoure ne mérite quoi que ce soi. Aucun être humain ne mérite quoi que ce soi. D’ailleurs, je pourrais étendre cette notion à l’espèce naturelle. Aucun animal ne mérite quoi que ce soi. Aucune plante non plus. Personne ne mérite quoi que ce soi.

Par conséquent, chaque fois que vous percevez en vous une once de mérite qui pointe son nez, rappelez-vous que personne ne mérite quoi que ce soi. Ni vous, ni les autres. Tout est à accueillir comme une grâce, comme un cadeau. Cela peut nourrir une véritable gratitude.

J’ai enregistré un podcast Pratiquer la gratitude que je vous invite à écouter. Et, je le rappelle, vous ne méritez rien. Plus vous focalisez votre attention sur le mérite, plus vous comptabilisez ce qui nourrira votre malheur. En revanche, plus vous focalisez votre attention sur le fait que vous ne méritez rien, donc sur la grâce, plus vous nourrirez votre bonheur.

C’est quoi, la grâce ? 

Comment focaliser l’attention sur la grâce ? De manière très succincte, commencez par vivre ce qui vous vient en étant conscient que c’est un cadeau : 

  • Le fait que vous soyez vivant, 
  • Que vous soyez entouré de personnes que vous aimez, 
  • Le travail que vous faites, 
  • Ce que vous vivez de passionnant et de génial, 
  • Au-delà du simple fait d’être vivant, le fait que vous fonctionnez avec des organes, des sens, des perceptions de satisfaction, 
  • Que vous ayez des capteurs qui fonctionnent et qui vous permettent de jouir de votre propre existence avec plaisir. 

Lorsque l’on est conscient de ne pas mériter et que ce que l’on vit est une grâce, on peut construire des relations exemptes de mérite. Par conséquent, on peut accueillir l’autre même si le plaisir n’est pas au rendez-vous. On l’accueille, on est avec lui, on donne à l’autre, même si ce qu’il recevra ne sera pas utilisé comme on aurait voulu.

Bienvenue dans la grâce

Quand on entre dans la grâce, on prend une distance vis-à-vis de soi-même. On devient alors capable de donner à l’autre tout en le laissant responsable de ses actions et de ce qui lui a été donné. 

Vivre dans la gratitude en prenant distance avec le mérite signifie être présent même avec ceux qui ne partagent pas nos valeurs, nos goûts. L’être avec ceux avec lesquels on ne trouve pas nécessairement son bonheur, mais qui manifestent du plaisir à être en relation avec nous. On peut vivre cette relation parce qu’on se rend compte que ça leur fait du bien. 

Une liste rappel

Tout à l’heure, j’ai mentionné que j’allais vous lister quelques éléments qui ne se méritent pas. Certes, j’en ai déjà effleuré un mais je veux aller plus loin : 

1. La vie

On pourrait dire que la vie ne se mérite pas. Vous n’êtes pas nés parce que vous le méritiez. On vous a fait un cadeau, même si cela ne correspondait peut-être pas à vos aspirations. Rappelons-nous que lorsque quelqu’un nous fait un cadeau, ce n’est pas parce que nous le méritons, mais parce que la personne souhaite nous montrer quelque chose, nous dire quelque chose. Ainsi, parfois, on peut prendre de la distance par rapport à l’objet du cadeau et se connecter avec la personne qui nous l’a offert. On peut comprendre qu’elle veut nous manifester son amour. Cet amour-là, nous ne méritons pas intrinsèquement. 

2. Le temps

Le temps lui-même ne se mérite pas. Quand quelqu’un passe du temps avec nous, qu’il nous donne de son temps, on sait qu’on ne le mérite pas. On peut alors manifester de la gratitude et vivre avec grâce. Parfois exprimer notre reconnaissance en disant, par exemple : « J’apprécie beaucoup que tu aies passé ce temps avec moi. »

3. L’écoute

L’écoute attentive ne se mérite pas non plus. Avoir le privilège d’avoir quelqu’un qui nous écoute, qui prend du temps pour entendre ce que nous partageons, que ce soit de génial ou de difficile, un passage de vie, un succès ou une épreuve, cela ne se mérite pas. Quand vous prenez le temps d’écouter quelqu’un, parfois certaines personnes ont pris le temps de vous écouter. Si vous avez le jugement du mérite, vous pourriez penser : « Avec tout le temps que j’ai passé à l’écouter, quand je lui présente un problème, il ne m’écoute pas. » Cela signifie que vous étiez dans la logique du mérite. Si vous l’écoutiez en faisant grâce, vous accepterez qu’il ne vous fasse pas grâce en retour. Il n’existe que des allers-simples dans l’univers de la grâce. Il est intéressant de noter que lorsque l’on s’invite en France, on a cette tendance naturelle à dire : « je te le revaudrai », pour dire « Je t’inviterai à mon tour. », comme s’il était question de mérite. 

4. L’attention

L’attention ne se mérite pas. Quand quelqu’un est attentif à vous, et quand vous faites preuve d’attention envers quelqu’un d’autre, cela ne se mérite pas. Cela évite également de se livrer à des calculs. « J’ai fait ceci, j’ai été attentif à lui, je lui ai offert cela. Et lui, rien. Rien du tout. Il fait comme si je n’existais pas. » Plutôt que d’avoir recours à l’injustice parce qu’on a le sentiment d’avoir manqué d’attention, on peut utiliser des méthodes plus constructives.

5. La punition 

La punition ne se mérite pas. Lorsque vous êtes puni, ne pensez pas que c’est normal, que c’est bien fait pour vous. Et lorsque vous infligez une punition, ne croyez jamais que c’est parce que l’autre le mérite. Je pense que la punition en soi est tordue. J’ai bien dit « je pense », c’est mon avis. Je vous laisse y réfléchir éventuellement et poser des questions dans les commentaires du podcast si cette approche vous déconcerte ou vous dérange.

6. La mort

La mort ne se mérite pas. Pas la peine de faire un grand discours puisqu’en France, la peine de mort a été abolie.

Le respect ne se mérite pas non plus. Quand quelqu’un vous fait preuve de respect, si vous vous placez dans l’absence de mérite, dans la grâce, dans la gratitude, vous aurez peut-être davantage la capacité de formuler l’appréciation du respect qui vous a été offert.

7. L’amour

Peut-être le dernier élément, et je ne l’ai pas gardé pour la fin pour rien, c’est celui que je voudrais que l’on intègre profondément, qui fasse partie du plat de résistance de l’essentiel, de ce qui ne se mérite pas : l’amour.

L’amour ne se mérite pas. Lorsque vous donnez de l’amour, sachez que la personne qui le recevra ne le recevra pas parce qu’elle le mérite. Et si vous aimez quelqu’un parce qu’il ou elle le mérite, c’est vous que vous aimez en réalité. Vous aimez cette personne pour vous faire du bien, et finalement, ce n’est pas vraiment de l’amour que vous avez offert. Vous avez donné un billet en attendant qu’on vous rende la monnaie. Ce n’est pas de l’amour.

Et c’est pareil dans l’autre sens. Si vous recevez de l’amour en pensant que c’est parce que vous le méritez, prenez conscience que vous êtes en train de recevoir autre chose que de l’amour. Il y a un os quelque part. Vous n’avez pas à mériter l’amour. Jamais. Même si vos parents vous ont donné cette impression, sachez que vous pouvez le corriger. Vous n’avez pas à mériter l’amour.

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Mon souhait d’amour pour vous

Je voudrais que pendant ces fêtes, peut-être, la place du mérite soit véritablement présente en conscience pour choisir un chemin différent : le chemin de l’amour, de la grâce, de la gratitude. Pour vivre en profondeur les relations, pour vivre avec gratitude les cadeaux que vous allez recevoir. Vous pourrez même offrir des cadeaux avec gratitude, sans rien attendre. Parce que vous savez que le mérite participe à abîmer la relation, à altérer la capacité à vivre heureux. Il abime l’habilité à donner du bonheur comme à le recevoir. Par conséquent, vous allez vous affranchir de ça pour vivre véritablement un bonheur que vous allez construire, qui fera du bien, qui vous fera du bien parce qu’il sera fondé sur l’amour.

Un cadeau à offrir

Si vous avez envie de faire un cadeau à quelqu’un, à quelqu’un qui ne mérite pas, bien entendu, vous pouvez lui envoyer ce podcast, le partager. Peut-être que cela pourrait être l’occasion, d’ailleurs, autour d’une table, d’un repas de fête, de discuter de cette question du mérite, de ce que vous avez découvert. Tendez la perche pour entendre ce que les autres pensent de cette question du mérite et enrichissez-vous autour de cette réflexion. Non pas pour que les autres soient d’accord avec vous, bien entendu, mais pour que ce soit un enrichissement. 

Profitez de l’opportunité pour apprendre ce que pensent les autres, pour partager votre propre vision des choses. Exposez les raisons pour lesquelles vous avez avancé sur cette question du mérite. Et puis vraiment, poursuivez encore pour construire votre bonheur.

J’attends vos commentaires, vos cinq étoiles sur les plateformes telles qu’Apple Podcasts et Google Podcasts, ou sur d’autres applications que vous utilisez pour écouter ce podcast. Et puis je vous souhaite de belles fêtes, de bonnes fêtes pendant lesquelles vous allez vraiment partager du lien, de l’amour, recevoir et donner, avec grâce, avec joie.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne semaine. 

Bye bye. 

Un commentaire

  1. Merci pour cet épisode. J’aime beaucoup « l’excellente mauvaise nouvelle ». Cela fait du bien de déconstruire cette idée de mérite qui crée trop d’attentes. Du coup, si je ne mérite plus rien, tout est possible !

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