182# L’amour fait mal

l'amour fait mal

Sous la surface

Vous avez peut-être un sentiment douloureux suite à des expériences difficiles. Quoi que vous ayez vécu de douloureux, je tiens à vous dire que je suis de tout cœur avec vous. Quoi que vous ayez vécu, à l’issue de cette expérience, vous avez eu l’impression d’avoir été abîmé·e nourrissant la conviction que l’amour fait mal. 

La naissance de votre croyance 

Il est possible que la naissance de votre croyance trouve son origine dans une relation amoureuse dans laquelle vous avez eu l’impression d’être trahi·e, humilié·e, brisé·e. Vous avez d’ailleurs de la peine à vous en remettre. Peut-être s’agit-il d’une relation parentale ou fraternelle, dans le sens adelphique, incluant les frères et les sœurs. Quelle que soit la relation, si vous avez vécu avec la conviction profonde que l’amour fait mal, je voudrais vous dire à quel point je suis de tout cœur avec vous. 

Je suis de tout cœur avec vous

Cela signifie que vous avez souffert avec une intensité si élevée que vous avez fait naître et nourri cette croyance expérience après expérience. Sans doute êtes-vous convaincu·e que l’amour fait mal. Le risque est que vous vous apprêtez à fuir ce qui pourrait ressembler à de l’amour. Cela signifie que, même si c’est inconscient, vous choisirez des postures qui conduiront les autres à partir en courant. Vous tenterez de limiter la volonté des autres d’investir dans une relation avec vous, parfois. Mais en plus, vous vous programmerez pour limiter votre volonté d’investir dans l’amour, dans l’amitié, dans la fraternité ou dans un don de vous-même comme dans une réception du don d’un autre

Un lien de cause à effet

Cette réalité complexe devient le terreau d’émotion de colère, de haine, de rancœur. Je profite d’ailleurs de ce rendez-vous pour rappeler que la haine n’est pas l’opposé de l’amour. Son opposé réel est l’indifférence. La haine et l’amour se côtoient très bien. 

On peut s’entendre dire que l’on déteste la femme que l’on aime ou son pote qu’on adore en même temps. En fait, ça nous rend malades parce qu’on l’aime, alors que l’indifférence nous conduit à ne plus du tout ressentir de malaise, on ne tombe pas malade d’une absence relationnelle. En effet, on est plus du tout touché·e par l’autre. 

l'amour ne fait pas mal

L’autodestruction

La haine, à l’inverse, est une forme d’attachement. Par conséquent, si vous ressentez des émotions de colère, de haine, de rancœur, de trahison et que vous vivez une déception profonde, c’est que vous êtes dans une attitude qui nourrit la croyance que l’amour fait mal. Peut-être êtes-vous déjà dans une phase d’autodestruction ayant pour but de vous protéger. Aussi étrange que cela puisse paraître, la phase d’autodestruction a pour objet de vous éviter de situation douloureuse.

C’est la raison pour laquelle on instaure une distance. De même, vous éviter d’investir, de fréquenter ou de fréquenter trop longtemps, voire trop fréquemment certaines personnes. Tout ceci dans le but de limiter la dépendance relationnelle, qu’elle soit avec un pote, un parent, un frère, une soeur ou un amoureux. Une façon de fuir la douleur associée à l’amour parce que vous croyez que l’amour fait mal.

Sous un autre angle

À présent, ce qui serait intéressant c’est de sortir la tête du sable pour vivre votre propre vie. Si nous en sommes arrivés à la conclusion que l’amour fait mal, c’est parce que nous avons eu un démarrage dans l’apprentissage de l’amour qui manquait de stabilisation, de fondations saines. 

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Généralement, ça se passe avec les parents, ces humains qui ont débloqué, qui ont failli. Cela ne veut pas dire qu’ils ne nous ont pas aimés, mais il ne nous ont pas aimés comme on aurait voulu ou comme on avait besoin de l’être. Ils ont parfois eu des fonctionnements que l’on qualifie de  dysfonctionnels, ayant participé à faire en sorte que l’on ait acquis le sentiment qu’ils nous ont abîmé·e·s, que l’on est parti sur de mauvaises bases. 

Même si vous faites partie de ces personnes ayant eu le sentiment d’avoir eu des parents parfaits, dans lesquelles il n’y avait aucun reproche ou aucune remarque à faire, vous avez peut-être vécu une déstabilisation. Cette impression d’avoir eu à faire face à un parent parfait n’est guère plus confortable. D’ailleurs, sans doute avez-vous le sentiment de ne pas être aussi parfait, aussi compétent·e, aussi bon·ne, aussi généreux·se, aussi attentif·ve et autant à l’écoute que vos parents.

Du coup, vous avez peut-être également construit une manière de vivre l’amour qui fait que vous avez le sentiment que ça fait mal d’aimer. Vous avez du mal à vivre l’amour. Cela vous a conduit à la conclusion que l’amour fait mal. Effectivement, vos parents vous ont aimé et comblé, mais vous avez eu mal, malgré tout.

L’amour ne fait pas mal

À ce stade, je pense qu’il est temps de regarder les choses sur le plan rationnel. Cela implique d’accepter que ce ne sont pas vos parents qui vous ont fait mal, même s’ils ont mal fait. 

D’ailleurs, je peux vous parler en toute transparence parce que je suis issu d’une famille dysfonctionnelle. Dans ce domaine, je pourrais vous faire une liste considérable de ce que mes parents ont mal fait et, plus encore, ont fait de mal. Seulement, ce n’est pas parce que mes parents ont mal fait et m’ont fait du mal que l’amour était mauvais, en soi

Il est particulièrement aidant de faire la distinction entre le bébé et l’eau du bain pour ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ! En l’occurrence, mes parents n’ont pas su m’aimer (peut-être comme vos parents n’ont pas su le faire comme vous en aviez besoin). Vous n’avez pas perçu avec maturité et recul les failles de vos parents quand vous étiez enfant. De ce fait, une fois adulte, vous avez appris à revivre des failles, des limites, des incompétences, des incompréhensions, des inaptitudes qui nourrissent la croyance que l’amour fait mal. 

Si vous avez cette croyance, c’est le signe d’un besoin de vous réconcilier. Vous avez besoin de guérir pour revivre ou vivre la suite de votre vie dans une dimension toute autre parce, qu’en réalité, l’amour ne fait pas mal.  

choisir le bonheur

Le temps de revivre est arrivé

Je viens de faire allusion à l’idée de revivre. Or, en employant ce terme, je vise une renaissance. En cela, je souhaite que vous reviviez à vous-même, sans que personne ne vous accompagne ou ne vous aide. Que vous soyez en mesure de vous dire « j’ai choisi d’accepter que l’amour ne fait pas mal » de telle sorte qu’il y ait un avant et un après à cette affirmation. 

Peut-être vivrez-vous cette renaissance avec quelqu’un d’autre et là on entrera dans le domaine de la corenaissance (re-naître-avec) ou de la connaissance (naître avec). Ainsi, vous pourrez choisir d’apprendre à vous connaître de nouveau, d’accepter vos failles, vos limites et, dans cette étape tout à fait légitime, de vivre dans une perspective nouvelle. En ce sens, vous aurez choisi de vivre les choses de manière différente de ce que vous aviez l’habitude de lire.

Vous le percevrez quand vous sortiriez de vos adhésions systématiques à des croyances présentes. Vous vous surprendrez à oser vous dire « je crois cela, mais en quoi ça tient la route ? Pourquoi j’y tiens à ce point ? ». À partir de là, vous choisirez de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. 

Le choix de la dissociation 

Ce n’est pas parce que quelqu’un a été défaillant en amour que l’amour est défaillant et fait mal. C’est déterminant de faire la distinction entre ces deux dimensions. Il me vient l’envie de vous lire un extrait du livre que Françoise Mallet-Joris a écrit aux éditions Julliard et qui s’intitule « Lettre à moi-même ». Elle écrit :

« J’aime «la vie»… j’aime aimer, j’aime écrire, j’aime avoir des enfants et j’aime une belle manifestation de rue, un bal du 14 juillet, j’aime être en colère et transportée de joie, j’aime boire et manger trop. J’aime nager et marcher dans le vent, faire des scènes et pleurer au cinéma.

J’aime par-dessus tout les fêtes, les longs repas prémédités, les bougies dans le chandelier en bois coloré, trop de fruits sur un énorme plat, trop de vin dans les cruches en terre, trop de gens, trop de fumée, une tarte gigantesque, la surexcitation des enfants, une gifle donner à la hâte, les crêpes fumantes, les boules brillantes de l’arbre de Noël et je voudrais me couper moi-même en tranches comme le pain de seigle sur la table du bois, et me distribuer à tous ceux qui sont là.

J’aime mes parents parce qu’ils sont mes parents, mes enfants parce qu’ils sont mes enfants, j’aime mon mari et moi-même, mon travail, mes amis, le monde, et les hommes…

J’aime « la Vie » donc. Dirai-je : je l’aimais ? J’aimais, j’aime l’idée de mort qui met un terme convenable à cette aventure qu’il ne conviendrait pas de poursuivre indéfiniment. Ce que je n’aime pas, c’est cette tendance (la mienne autant que celle des autres) à se noyer dans cette vie, à s’y perdre, à en faire une mort prématurée, même si ce n’est qu’une « petite mort ».

Une distinction salutaire 

Je trouve ce texte interpellant puisqu’il nous invite à faire une distinction, que j’estime indispensable. Il est question de faire la différence entre ce que font les gens que l’on aime et ce que sont ces gens

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Finalement, on peut aimer tous ces gens et ne pas aimer ce qu’ils font de leur propre vie. On peut aimer l’amour et ne pas aimer la manière dont les gens l’utilisent, leur manière d’aimer. En fin de compte, ce n’est pas l’amour qui fait mal, mais c’est la manière dont les gens l’emploient qui fait mal. Et ce n’est pas non plus judicieux, pertinent ou rationnel de généraliser cette réalité. On peut ne pas aimer la manière dont les gens aiment à certains moments ou dont certaines personnes aiment à certains moments tout en continuant à aimer leur manière d’aimer à d’autres moments.

L’amour n’est pas humain

Ce n’est pas l’amour qui fait mal. L’amour ne fait pas mal, mais c’est la manière dont les gens le vivent qui peut faire mal. L’amour n’est pas humain. Il est, ai-je envie de dire, est extraterrestre, extra charnel, désincarné. Comme le dit Paul, l’apôtre, un des missionnaires de Jésus, l’amour n’a pas de fin. Du coup, il ne connaît pas de limite, d’épuisement, si l’on adhère à cette manière de penser.

Sous couvert d’amour

C’est d’autant plus pertinent de faire cette distinction entre les gens et leur manière d’aimer (et l’amour) qu’il est possible que parmi vous qui me lisez certain·e·s aient été abusé·e·s par un de leurs parents. En plus, il est possible que cette personne abusante ait agi ainsi sous couvert d’amour « C’est parce que je t’aime », disait-il/elle. Cette forme de couverture a pu participer à distordre la perception, la définition, la projection de ce qu’est l’amour pour vous. De plus, cela a nourri la croyance que l’amour fait mal alors que c’est faux. L’amour ne fait pas mal. C’est votre oncle, votre père votre mère, votre cousin, votre frère qui vous a fait mal, pas l’amour.

Les situations de violences, qu’elles aient été physiques ou morales, présentées sous couvert d’amour ou non sont à regarder avec un scalpel. Cela permet de faire la distinction entre ceux qui vivaient l’amour de ceux qui utilisaient l’amour comme couverture. De fait, ils ont été défaillants. Des supports ou porteur d’amour fake. Sans connexion avec ce qu’est l’amour, inaltérable.

Un dernier pas, pour la route

Le risque d’avoir peur de l’amour c’est à peu près le même que celui qui consiste à avoir peur de la peine, de ce qui peut nous faire mal. Souvenez-vous de notre rendez-vous « Vous n’avez plus envie de souffrir ». J’abordais que le risque est de partir en courant, de se raconter des bobards et de souffrir davantage, plus intensément et plus longuement. En effet, quoi de plus efficace pour souffrir davantage que de fuir l’amour ?

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne semaine.

Bye-bye 

7 commentaires

  1. Hé bien, franchement, c’est une vraie belle découverte ! Ton article est tellement plein d’amour et ton blog, très très sympa à regarder, clair et précis. Un bel exemple à suivre. Bravo !
    Je m’en vais lire le reste dès que possible. Je sauvegarde le lien 😉.

    Un mot : MERCI !

    1. Author

      Bonjour Corine,
      Je suis ravi que mon blog et les podcasts te paraissent pleins d’amour. C’est vraiment ce que je veux transmettre étant donné que l’amour est un des plats de résistance du bonheur.
      Ravi de cette découverte qui sous-entends que je vais te compter parmi mes abonnés.
      Au plaisir

  2. Merci pour ton article et podcast.

    En effet, au début j’ai lu que l’amour fait mal !! Heureusement, que tu mets l’accent dessus pour dire « que l’amour ne fait pas mal « . Comme quoi il faut être attentif a ce qu’on lit et a ce qu’on dit !!
    L’amour ne pas toujours mal , mais parfois il est décevant. Il faut arriver à aimer sans attendre de retour.

    1. Et oui, Fabienne, l’amour ne fait pas mal. Ta réaction quant à ta lecture première est instructive.
      Quand tu dis que « l’amour est parfois décevant », es-tu certaine de parler de l’amour ? Est-ce la bonne cible ?
      Il me semble que, dans le droit fil du podcast/article, ce n’est pas l’amour qui est décevant. Prends juste quelques instants pour relire/réécouter la partie sous-titrée « une distinction salutaire » et dis-moi si cela répond à ta préoccupation.
      Bien à toi

  3. Merci pour cet article très intéressant. J’aime beaucoup la conclusion: « En effet, quoi de plus efficace pour souffrir davantage que de fuir l’amour ? »

    1. Merci Stephanie pour ton retour.
      Ravi que ma conclusion t’ai particulièrement marquée, je ne peux qu’attendre que tu choisisses de ne plus fuir l’amour, que tu le laisses t’envahir, que tu optes pour l’adoption, l’apprivoisement, l’accueil.
      Bonne route en SA compagnie

  4. Un article qui nous amène à nous questionner, nous interroger.

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