68# Chasser le monstre de la rancœur

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68# Chasser le monstre de la rancœur

Combattre un géant bien nourri

Je reviens avec légèreté sur cette période de mon histoire. Les larmes, les tremblements, les maux de ventre et autres souvenirs teigneux sont devenus plus fluides. Ils se sont éclaircis. Tout cela, dans le but de chasser le monstre de la rancœur pour installer, à sa place, la princesse de la résilience. Eh oui, j’ai été tenté de rester dans la sémantique onirique puisque nous sommes habitué(e)s à faire cohabiter les monstres et les princesses.

Chasser le monstre de la rancoeur

La belle et la bête

Loin de moi l’idée de vous bercer avec un conte de fées ou une histoire de princesse. Toutefois, le fait d’emprunter à la fantasmagorie rend la réalité plus légère. Elle semble devenir lointaine, colorée.

D’ailleurs, en parlant de couleurs, c’est en partie là que se fonde une des approches de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique) pour faire perdre de son influence, à une image mentale, ayant un impact émotionnel évident. Anthony Robbins, l’auteur du livre « Pouvoirs illimités »,  l’explique brillamment. Mais avant de vous faire part de cette expérience aidante, laissez-moi vous parler de mon monstre et de ma princesse.

La bête à la tête de rancœur

Je ne savais pas encore à quoi ressemblait la rancœur. Comment donc identifier ce que l’on n’a jamais vu ? Je sentais bien bouger en moi une énergie étonnamment forte. Elle était capable de me déplacer d’une émotion à une autre en quelques fractions de seconde. Il avait suffi que ma femme me dise quelque chose pour que, tout à coup, « je saute au plafond ». Je ne savais pas expliquer ce phénomène. 

à vrai dire, je sentais bien qu’il y avait quelque chose à voir avec ma vie à la maison, en tant qu’enfant. Le tumulte fréquent d’une intensité insoutenable m’avait si souvent conduit à me calfeutrer dans ma chambre. Blotti dans mon lit, j’entendais les cris de douleur de mon frère qui, sous les coups, finissait par se taire. Sonné, moi aussi, bien que ce fut d’une autre manière, je n’osais plus sortir.  Ma chambre demeurait ma tanière, le temps que passe l’orage. 

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L’horreur n’est pas toujours laide

Je savais que mes parents n’étaient pas méchants. Ils étaient incapables, juste dépassés. Ils ne savaient pas, ni comment savaient pas s’y prendre, ne savaient comment faire. Et comme nous le faisons bien souvent, ils faisaient « avec les moyens du bord ». 

Pendant des années, j’ai prié. J’aspirais à leur divorce qui n’est jamais venu. Le ciel, sourd à cette demande irrecevable, sans doute, me donnait tout de même le courage de contenir la rancœur montante. J’avais décidé que « mes parents avaient périmés ». Je sais combien cette manière de le raconter fait froid dans le dos. Mais, sans vouloir me défendre, c’est exactement le sens du mot « rancœur ». Et combien de fois avons-nous ce sentiment, suite à une émotion installée, enracinée ? Pour ma part, la rancœur était bien là, en moi, ancrée. 

Vers d’autres contrées, à tout prix s’éloigner

Je ne me souviens pas avoir fui. Je ne le voyais pas ainsi, en tous cas. Mais le temps passant, décidant de ne plus me mentir, j’ai reconnu ma course, ma fuite, ma volonté de me réfugier loin, ailleurs, quelque eu été la destination. Ailleurs, me conviendrait mieux, assurément. 

À près de 700 km de mes parents, je me trouvais à l’abri. Ma rancœur m’avait suivie. Bien au chaud dans mes bagages, elle continuait à grandir, à se réchauffer. Pour dire vrai, j’en prenais soin, régulièrement. J’aimais, d’ailleurs, en parler ça et là, au grand damne de mes parents qui ne l’appréciaient pas. « On lave le linge sale en famille ! » disaient-ils. Une expression valable uniquement quand il eut s’agit de partager des pages sombres de notre histoire. 

En tête à tête avec le monstre

Les années se sont enfilées aussi facilement qu’on enfile des perles. Jusqu’au jour où, ma valise, devenue trop lourde, m’encombrait. Je savais que la rancœur y prenait trop de place. Je devais m’en débarrasser. Mais comment ?

Le livre de Boris Cyrulnik se mit à diffuser une vie nouvelle dans mon univers teinté de pages en noir et blanc côtoyant celles qui scintillaient de couleurs. « On peut découvrir en soi, et autour de soi, les moyens qui permettent de revenir à la vie et d’aller de l’avant tout en gardant la mémoire de sa blessure ». (De chair et d’âme, éditions Odile Jacobs)

J’entendais l’autorisation de me souvenir raisonner si fort que décidai de la faire mienne. Rien ne changea depuis ce jour. J’avais le droit, et j’ajoute depuis, le devoir, de me souvenir de la présence de ce monstre enflé dans mes bagages intérieurs. Il ne s’était pas installé à mon insu. Je l’y avais invité et, plus encore, j’avais pris soin de lui pendant tant d’années. Là, je ne voulais plus de lui. J’avais confondu se souvenir et raviver.

Enfin, je découvrais combien le souvenir était d’une légitimité implacable sans pour autant qu’il ait à côtoyer l’émotion (raviver). Le détachement était possible, entre ces deux réalités. Le souvenir n’est pas attaché à l’émotion, il pouvait donc s’en affranchir. 

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Rencontrer la princesse

Du haut de mes croyances en branle, je décidai de descendre me confronter à une réalité nouvelle. Je choisis de passer par l’écrit, le voyant comme un moyen idéal de dire adieux à la rancœur, après avoir vidé mon sac à mes parents. Je me voyais déjà soulagé, installé devant un paysage dans lequel je voyais… mes parents amochés ! Ce n’est pas ce que je voulais. Je ne voulais pas aller mieux en violentant quelqu’un d’autre. C’était un non-sens. 

C’est alors que j’optai pour la parole vivante. Leur demander de m’écouter, face à face, était utopique. Je m’enregistrais, alors. Veillant à ce que ma voix soit apaisée, je pris le temps d’exprimer les souffrances, les atrocités, les absurdités et les gouffres de blessures collectionnées pendant toutes ces années.

Plus ma parole franche, douce et tendre sortait et plus je percevais la petitesse du monstre de mon intérieur. À la fin, il paraissait minuscule, ridicule. Il était si petit que je le voyais insignifiant. À sa place, sans m’en rendre compte, sans l’avoir cherché, non plus, j’avais installé la résilience. Je ne savais pas à quoi elle ressemblait, avant de la rencontrer. Pourtant, elle était là, prenant une place qui se mit à grandir jusqu’à ce jour. 

On peut découvrir en soi, et autour de soi, les moyens qui permettent de revenir à la vie et d'aller de l'avant tout en gardant la mémoire de sa blessure

Bichonner la princesse, loin du monstre délaissé

À vrai dire, je la nourris, elle aussi. Je le vois continuellement. D’ailleurs, si nous pouvions remonter le temps de quelques années, vous présenter mon monstre aurait déclenché des larmes. Aujourd’hui, il n’en est rien. Avec la résilience, j’esquisse plutôt un sourire de satisfaction d’être là, riche de ce que j’ai vécu depuis, ayant le droit (et le devoir) de me souvenir. Je ne serai qu’un bout de moi, sans souvenirs de tout cela.

J’ai compris combien « avoir une orientation focalisée sur son passé peut être une source de profond mal-être », comme le dit (ajouter ton prénom) dans son article « le Monstre CESTROTARD », publié sur son blog « Chasser le Monstre ». 

Alors, je me souviens. Et je vois bien la pertinence du travail d’Anthony Robbins, car, mes souvenirs passés sont en noir et blanc, maintenant. Je les vois flous, parfois, leur son est feutré, distant. Et face à un présent coloré, sonore, scintillant et en couleurs, je vous assure que, même si je peux m’en souvenir, le monstre de la rancœur peut toujours courir s’il veut me revoir un jour. Je préfère de loin la beauté présente de la résilience que je savoure jour après jour. 

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne semaine, 

Bye, bye

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Cet article participe à l’évènement “Les Monstres que j’ai vaincus” du blog CHASSER LE MONSTRE. J’apprécie beaucoup ce blog, et je vous recommande vivement de lire l’article intitulé « Le monstre Cestrotard ». 

Je trouve géniale, la prise de hauteur inhérente au fait que Zoh utilise l’image du Monstre pour cibler nos problèmes. Et nous savons combien cette prise de recul participe à une prise de conscience. Elle entre en action dans le lâcher-prise nécessaire pour abandonner ou vaincre certains de nos « monstres », justement ;-). Surtout, faites face, ne lâchez rien. 

Merci Zoh

Image par TheDigitalWay de Pixabay

2 commentaires

  1. Bonjour Pascal,
    Bravo pour cet article (et le podcast que j’ai aussi écouté avec plaisir).
    Voir ton parcours sur l’évolution de tes émotions permet de voir l’importance de se confronter à ses émotions/sentiments.
    Les affronter reste la meilleure solution !
    Merci pour ton travail.

    Au plaisir d’une prochaine lecture.

    1. Author

      Bonjour Mylène,
      Merci pour ton retour que je prends comme un encouragement.
      Il arrive, en effet, un temps où l’on prend conscience que les pages considérées comme des faiblesses n’en sont pas. Elles sont des marches qui ont contribuées à la construction de soi, pour autant que l’on choisit de les accueillir comme telles. C’est mon cas. D’où l’intérêt de les « confronter », comme tu le dis, bien que je préfère l’idée de composer avec elles en continuant à avancer vers sa vie, vers la vie. Confronter est parfois effrayant, alors mieux vaut s’ouvrir à la vie, assuré(e) que notre construction personnelle nous donnera, un jour, de prendre conscience que le chemin parcouru nous a équipé pour regarder les peines d’un nouvel œil.

      Dans mon parcours, je ne me confronte pas à mon monstre (trop gros, trop fort, trop grand, trop bichonné, trop attachant, rassurant aussi…) mais bien à une nouvelle manière de vivre ma relation à moi-même comme au sujet étant à l’origine de la présence de ce monstre. Le monstre diminuera tout seul perdant prise grâce à mon regard posé ailleurs, sur la vie, la construction, justement.
      Je te souhaite un beau cheminement dans lequel tu ne cherches pas à combattre (te battre contre…) mais à te battre (te battre pour…). C’est tellement plus générateur de vie !

      Bien à toi

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