49# Quelle est votre opinion ?

Etes-vous du genre à faire croire que vous avez une opinion alors que vous ne faites que partager celle des autres ? Quelle est votre opinion, vraiment ? Si vous ressentez le besoin de vous forger une/des opinion(s), vous trouverez des outils bien aidants dans cette émission : 

Les voici : 

  • Faire le pas de penser par vous-même en quelques étapes simples
  • Penser produit de la valeur
  • Apprendre à faire le tri entre les opinions des autres et les vôtres

Transcription intégrale de l’émission

49# Quelle est votre opinion ?

Bonjour à tous, 

Combien de fois avez-vous perçu que votre opinion n’était pas vraiment la vôtre ? Vous aviez repris ce que d’autres avait dit ou écrit et vous l’avez partagé à votre tour. Assez proche de ce phénomène, il a été constaté que beaucoup d’internautes publient des photos et des contenus sur les réseaux sociaux sans avoir pris le temps de les lire réellement. Il est d’ailleurs question de supprimer le bouton like de Facebook ou d’Instagram pour redonner du sens à son contenu au lieu de privilégier la popularité. Car, sans aucun doute, la notion de popularité influence nos choix de lecteur ou, plutôt, de surfeurs sur les réseaux. 

J’étais dans le bus récemment, et je voyais une jeune avec son smartphone en main. Avec une dextérité de haut niveau, elle passait d’un réseau social à un autre confirmant les dire des études qui signalent le survol esthétique des infos des réseaux sociaux. Elle touchait les « like » par-ci par là sans même prendre le temps de s’arrêter sur le contenu. Je trouvais ça fou ! Je comprenais qu’il suffisait d’avoir le bon titre et la bonne photo pour déclencher le geste non réfléchi du like. 

J’en avais d’ailleurs fait plusieurs fois fait l’expérience quand, suite à un like que j’avais reçu sur un de mes réseaux sociaux, je venais remercier le lecteur. je m’empressais de chercher à comprendre ce qu’il avait aimé. Plusieurs fois la réponse avait été : « Je n’ai pas encore lu l’article mais… ».

Je n’avais pas imaginé être ainsi impacté par ce toucher de surface qu’est le like aveugle tout comme l’est le partage d’un contenu non lu. Car le phénomène est le même avec la partage. Il suffit, là encore d’une photo bien sympa et d’un titre accrocheur pour voir partagé un article qui n’a pas été lu par l’auteur du partage.  

Je le trouve très proche du partage de pensées sans réflexion préalable. 

Vivre de la pensée des autres, est-ce suffisant ?

Comment accepter de partager la pensée des autres ? Evidemment il y a du bon à cela. C’est le travail que tout bachelier a fait en cours de philo. Travailler sur la pensée des autres est donc logique. Mais en cours, le but ne consistait pas uniquement à partager la pensée d’un autre. L’exercice devait permettre d’utiliser la pensée des autres pour se forger une opinion solide, bien qu’ouverte

Lors d’une soirée entre amis, les discussion vont bon train. Des blagues et des rires volent de part et d’autres des lieux. Certains partagent leurs exploits alors que d’autres se plongent dans des échanges légers. Vous voyez bien de quoi je parle. Et il arrive régulièrement que des binômes ou de petits groupes se forment autours de sujets plus profonds. C’est là que « penser » s’avère nécessaire. C’est là aussi que certains duels se lancent dans une forme de joute de « je pense que… » et « je vois plutôt les choses autrement… ».

Mais qui se cache derrière ce « je » ? De quel « je » est-il question dans ces discussions ? Est-ce vous, si vous vous reconnaissez dans ces échanges ? Serait-ce un fantôme de vous-même, une sorte d’être qui est sorti quand vous devez faire bonne figure ?  Est-ce le spectre de ceux que vous avez lu ? De ce que vous avez appris, Est-ce vous, vraiment vous qui parlez du fruit de votre propre réflexion ? Pour dire vrai, je le souhaite parce que, si souvent, je déplore que ce ne soit pas la cas. 

Je me surprends à penser

Penser est un exercice, comme un sport. Plus vous le pratiquez et plus vous aurez envie de le pratiquer. La motivation à renouveler l’expérience viendra de l’évidence que « penser » est un enrichissement de soi en tant que tel. Prenez-vous le temps de penser ? Je posais une question similaire dans l’émission « Rendez-vous avec vous-même ».

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J’aspire tellement à ce que vous pensiez car, plus nombreux nous serons à penser, moins nous serons atteint(e)s de ces maladies dégénératives. Oui, je pense à des maladies neuro-dégénératives mais pas que. Penser en se forgeant une opinion est un moyen sûr de limiter la bêtise humaine, la reproduction des horreurs dont seuls les humains sont capables, quelle que soit leur couleur, leur genre, leur origine ou autres.

C’est aussi le moyen de créer du lien, de nourrir la bienveillance, de décupler la gratitude et de promouvoir la santé. Penser implique le refus de se couper des autres sans lesquels, notre propre pensées se trouve limitée. Car il est plus intelligent de penser à plusieurs que seul. Penser est donc bon pour la santé comme bon pour la planète. C’est bon pour l’humanité. Qu’en pensez-vous ? 

Quelle est votre opinion ? 

Se forger une opinion ressemble à un défi généralement existant. Mais comment s’y prendre ? J’entends bien que vous ne pouvez avoir une opinion dans tous les domaines, rassurez-vous. Nous avons tous des sujets passionnants sur lesquels il nous seraient facile de lire et d’échanger alors que d’autres riment avec barbants. C’est clair. Toutefois, certains sujets importants devraient susciter notre attention. J’estime qu’il s’agit de sujets de base, comme un tronc commun à l’humanité dont nous faisons tous partie. Il n’est pas question de détenir les solutions mais de s’être posé certaines questions. C’est d’ailleurs là que commence la capacité à créer une opinion. Tout commence par la question. 

Libre à vous de choisir les sujets à introduire dans le tronc commun de l’humanité dont nous faisons tous partie. Je ne trancherai pas là-dessus. Ce que je souhaite et, ce à quoi je vous invite, c’est de franchir le pas de penser par vous-même dans le but ne de plus dépendre. En effet, la carence inhérente au fait de ne pas penser par soi-même est la dépendance. Entendez bien que je ne vois pas « dépendance » comme automatiquement négative. Elle le devient, selon moi, quand elle touche à la limitation de la liberté. Or, un des atouts de la pensée personnelle, forgée par vous même, est son caractère libérateur. C’est sans doute essentiellement là, dans la pensée libre, que se trouvent les personnes les plus libres. C’est là que la liberté se manifeste le mieux. 

Face à la matière, nous subissons des contraintes, que nous le voulions ou pas. Or, en matière de pensées, les frontières, les contraintes n’existent plus. C’est l’aire de jeux et de vie favori des personnes attachées à la liberté. En vous disant cela, je repense à la chanson de Florent Pagny qui s’intitulait « Ma liberté de pensée ». Ecoutez ce qu’il dit dans cette chanson : 

« Prenez mon lit, les disques d’or, ma bonne humeur

Les p’tites cuillères, tout c’qu’à vos yeux a d’la valeur

Et dont je n’ai plus rien à faire

Quitte à tout prendre, n’oubliez pas

Le shit planqué sous l’étagère

Tout c’qui est beau et compte pour moi

J’préfère qu’ça parte à l’Abbé Pierre

J’peux donner mon corps à la science

S’il y a quelque chose à prélever

Et que ça vous donne bonne conscience mais vous n’aurez pas 

Ma liberté de penser »

Penser produit de la valeur

Personne ne prendra le temps de se forger une opinion sur des sujets sans produire de la valeur. Entrer dans le mécanisme qui vous conduit à penser vous donne à faire un tri. Vous porterez donc votre attention sur ce qui compte pour vous. Ce peut être un moyen de prendre connaissance de vos centres d’intérêts particuliers comme de ce qui vous passe à des kilomètres au-dessus de la tête. 

Si votre couple est important à vos yeux, vous construirez des opinions sur plusieurs de ses aspects. Vous ferez la même chose sur votre santé, l’éducation de vos enfants, la planète et le choix de nos gouvernants. La liste peut être longue et vous pouvez passer ainsi en revu des domaines qui comptent pour vous.       

Comment être certain qu’il s’agit de votre opinion et pas d’un copier-coller de celles de vos ami(e)s ? Question difficile ? Elle l’est d’autant plus si vous ne prenez pas de temps pour réfléchir, seul(e), tranquille quelque part. Je vous encourage à le faire. Inscrivez cela comme un rituel quotidien, comme si vous alliez faire un jogging. C’est génial d’aérer son corps par le sport mais pourquoi votre cerveau. Pourquoi il n’aurait pas droit, lui aussi, à ses séances de gym quotidienne ? 

Si vous n’avez pas l’habitude de réfléchir pour vous forger des opinions, prenez l’habitude de commencer à le faire par écrit. Ce sera un bon moyen d’identifier le chemin de votre réflexion. Ecrivez tout ce que vous pensez à partir d’une question qui pourrait commencer par « pourquoi ? » par exemple. 

  • Pourquoi j’accepte ou refuse la vaccination obligatoire ? 
  • Est-ce que notre pays est vraiment démocratique ? 
  • Quelle est ma place dans la société ? Mon rôle ? 
  • Quel est le sens de ma vie ? Où je vais et pourquoi j’y vais ? 
  • Ai-je un impact possible et réel pour limiter le réchauffement climatique ? 
  • Suis-je riche ou pauvre ? Pourquoi ? Sur quelle base ? 

Certaines questions que vous vous posez peuvent êtres existentielles mais ce n’est pas le cas de toutes. Vous percevez des mots clés d’amorces qui favorisent les questions de fond qui aboutissent à la création d’une opinion. Il s’agit des mots : Pourquoi, Est-ce que, quel est, suis-je… et la liste n’est pas du tout exhaustive. Poursuivez donc avec toutes les questions qui vous viennent sans tenir compte de leur approche de départ. Je vous ai donné ces d’exemples pour servir d’amorce. 

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Faire le tri entre vos opinions et celles des autres  

Pour vous aider à avancer dans vos réflexions, commencez à écrire sans chercher à trier vos pensées, vos sources de pensées. Laissez venir le tout comme un flot continue. Prenez le comme un jeu, sans vous prendre la tête. Repensez aux débuts de vos séances de jogging ou de yoga. Vous aviez quelques courbatures ! Ce sera la même chose à l’issue de vos séances de réflexions ayant pour but de vous forger des opinions. Vous aurez un peu mal à la tête. Pour prévenir cela, pensez à boire. Et surtout, préférez l’eau. C’est ce dont notre cerveau à besoin. Tout le reste charge l’organisme inutilement. Deuxième chose à laquelle penser, aérer la pièce pendant le temps de réflexion si la météo le permet. Même un petit filet d’air est bienvenu. Souvenez-vous que l’alimentation première du cerveau est l’oxygène. 

Je ne reviendrai pas sur les détails que j’ai évoqués lors de l’émission intitulée « Vous arrive-t-il de prendre le temps de réfléchir» puisqu’un tronc commun existe entre ces deux réalités : 1) Prendre le temps de réfléchir et 2) se forger des opinions. 

Une fois vos pensées couchées sur le papier, prenez le temps de repérer les idées que vous avez empruntées ailleurs. Vous pouvez y mettre un astérisque pour les signaler facilement et être capable de les repérer d’un coup d’oeil. 

Que pensez-vous de opinions importées ? 

Ensuite, parcourez encore vos écrits pour identifier les pensées et opinions que vous sentez le besoin de modérer. Cela signifie que vous leur attribuez une intensité plus grande que vous ne le voudriez en réalité. Et vous pouvez faire la même chose dans l’autre sens. Identifiez les penser à amplifier, celles qui méritent plus de place dans votre vie. 

Enfin visualisez les pensées absentes. Vous avez écrit votre opinion sur ce point mais vous voyez qu’il y manque un aspect. Si, par exemple, vous avez écrit une opinion sur les migrants, veillez à faire le tour complet du sujet. Sans doute que votre position ne sera pas 100% pour l’accueil de tous les migrants ou 100 contre ! Entre ces deux extrêmes existent des options dont certaines que vous pourriez avoir négligées. Identifiez-les pour les ajouter. Même si votre réflexion n’est pas aboutie, l’exercice consiste à jeter sur la feuille des données qui sont des éléments de réflexion qui vont participer à la création de votre nouvelle opinion. 

Après cela, revenez sur les opinions importées, celles que vous avez marquées d’un astérisque, celles qui n’étaient pas les vôtres. Et demandez-vous ce que vous en pensez. Je vous invite, en fait, à vous forger une opinion sur l’opinion des autres. Et pour que l’exercice soit encore plus complet, demandez-vous systématiquement pourquoi vous pensez ce que vous pensez. 

Chercher un fondement est essentiel. Sans fondement, il n’y a pas d’opinion. A partir du moment que vous émettez un avis, que vous vous forgez une opinion, trouvez un fondement. Par exemple, si vous pensez « Je suis opposé(e) aux interventions armées quelles qu’elles soient », demandez-vous ce qui vous a conduit à penser cela. Qu’est-ce qui, dans votre histoire, votre parcours, vos lectures, vos échanges vous a conduit à cette position. Demandez-vous quand cette position  a-t-elle vu le jour ? Quel(s) événement(s) a/ont participé(s) à sa naissance ? Que pensiez-vous avent cela ? 

Ce parcours en vous-même vous éclairera sur la vie qui se meut en vous. Et, plus encore, sur l‘intérêt de rester alerte sur les évolutions légitimes de vos opinions à venir. L’énorme avantage d’intégrer cette évolution naturelle est d’éviter le piège d’étiqueter les gens en fonction de leurs opinions. Ces dernières peuvent être divergentes en de nombreux points sans pour autant imaginer que l’autre devienne un ennemi.

Je vous encourage à ne pas être uniquement ami(e)s de personnes qui partagent vos opinions. Vous risqueriez de vous appauvrir en pensant que vous avez raison. Or, la divergence d’avis, voire la confrontation, a de bon qu’elle participe à secouer les pensées pour vérifier leur fondements. Elle donne parfois plus d’assise quand elles ne les fragilisent pas. Penser différemment aujourd’hui montre que vous étiez vivant hier, comme aujourd’hui. 

Créez vos opinions sans jamais abandonner

Construire des opinions est un travail constant. Ne vous arrêtez donc pas en chemin. Tant qu’il y a de la vie qu’il y ait une évolution de vos opinions. Ainsi, vous pourrez expérimenter vos opinions, les affronter, les confronter, les exposer, les entendre et les voire évoluer au fil de votre parcours de vie. Vous entendrez la nécessité de ne pas vous enfermer avec autant d’impétuosité que de ne pas enfermer les autres à partir de ce qu’ils pensent au présent. 

On dit que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. Cette phrase est quelque peu lapidaire car je connais bien des personnes qui ne changent pas d’avis alors qu’elles sont loin d’être des imbéciles. Elles sont hermétiques, c’est tout. 

Je dis c’est tout mais c’est là tout le drame. Alors, si vous entrez dans la ronde des personnes qui se forgent leurs propres opinions, surtout, restez ouvert(e)s.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne semaine. 

Bye bye

Crédit photo : Image par Free-Photos de Pixabay

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