173# Soyez plus disponible

Soyez plus disponible

Donner la priorité à l’être

Le risque, avec un titre comme celui-ci, est de donner l’impression d’un ordre, d’une injonction. Mais, ce peut-être une invitation, une proposition, une suggestion. Libre à vous de le prendre comme bon vous semble, mais vous savez d’emblée que je ne proposerai pas d’injonction. Je n’ai aucun intérêt à vous ordonner quoi que ce soit. Soyez plus disponible est donc bien une invitation.

Pourquoi cette invitation ?

Dans notre rendez-vous du jour, nous nous arrêterons sur la tendance potentiellement présente chez vous (comme chez moi 😉 à faire beaucoup de choses. Vous percevez que vous avez peut-être besoin de remplir, et du coup, à ne pas être suffisamment disponible. 

  • Nous chercherons à comprendre ce que cela peut vouloir dire.
  • Ensuite, nous essaierons de détricoter les différentes actions qui conduisent à cette tendance à remplir en veillant à ne pas être disponible à soi comme aux autres. 
  • Enfin, je m’arrêterai sur un exercice en cinq étapes afin de commencer à vous défaire de cette tendance à ne pas être disponible.

Peut-être vous sentez-vous concerné·e quand on vous demande quelque chose et que vous réalisez ne pas avoir le temps. Vous ne pouvez pas, vous n’avez pas eu le temps, vous êtes overbooké·e. !

En vous disant cela, je pense à un blog sur lequel je viens de déposer un commentaire. Il s’agit d’une blogueuse qui interviewe l’auteure d’un livre sur le burnout. Sans aller jusque-là, il est déjà intéressant de chercher à comprendre la raison pour laquelle on a tendance à vouloir remplir, à ne pas avoir le temps, à ne pas être disponible afin de comprendre ce que cela veut dire et les raisons pour lesquelles on veille, inconsciemment, à entrer dans cette dynamique. 

disponible pour soi

Comprendre le besoin de remplir  

Entrons dans le vif du sujet en nous interrogeant pour savoir si l’on est concerné par cette situation. Si vous l’êtes, dans quelle mesure est-ce le cas ? J’aimerais que cette invitation déboucher vers « je veux lever le pied. Je suis intéressé·e par l’idée de vider un peu et de profiter de la période des vacances comme une opportunité». D’ailleurs, quand vous êtes en vacances, vous avez généralement davantage de temps, normalement. Êtes-vous overbooké·e même en dehors d’une activité professionnelle ? Votre planning reste-t-il rempli alors que vous êtes un senior à la retraite ? Qu’est-ce que tout cela peut vouloir dire ? 

Quand on a besoin de remplir, on entre dans une double dynamique qui pourrait peut-être symboliser le recto et le verso de la même réalité. Cela donne remplir, au recto, pour fuir, au verso. Il s’agit du même projet. Remplir pour fuir est une manière d’éviter d’avoir à penser, à se retrouver (en ce sens, j’inaugure la place de l’être, sur lequel je m’arrêterai tout à l’heure). 

Percevez qu’en entrant dans une stratégie ayant pour objectif d’éviter de… on se trouve bien dans une approche de fuite, en connexion directe avec l’émotion de peur. On a peur de…, donc on va remplir. Ayant peur de…, on va fuir. Vous identifiez cette dynamique dans laquelle, pour éviter d’être disponible, vous êtes poussé·e ou attiré·e vers un sur-remplissage ou une fuite

Prenez quelques instants pour vous retrouver et être le plus honnête possible avec vous-même. Je le dis régulièrement sur ce blog Heureux au présent ; s’il est une personne avec laquelle vous êtes censé·e être honnête à 100 %, c’est bien vous. Je souhaite vraiment que vous le soyez parce que c’est un cadeau empoisonné que de vivre le contraire avec soi-même. Faites-vous ce cadeau de l’honnêteté en répondant franchement : 

  • Est-ce que je fuis ou est-ce que je remplis dans le but de ne pas être disponible ? 
  • Qu’est-ce que je veux fuir ? 
  • Qu’est-ce que je veux éviter ? De quoi ai-je peur ?

Que voulez-vous que l’on voit

Vous pouvez commencer à vous poser ces questions parce que cette tendance à ne pas être disponible a pour objectif de dire quelque chose (à vous-même). De plus, vous avez une intention inconsciente de dire quelque chose à votre sujet également (à d’autres). Vous voulez que l’on voit quelque chose en vous et voir vous-mêmes quelque chose qui vous plaise à votre sujet.

Quand j’emploie l’expression « dire quelque chose de vous», je veux dire que vous voulez vous voir overbooké·e, pas disponible, très occupé·e, incapable de rajouter quoi que ce soit .

Et vous pouvez aussi aspirer à ce que les autres lisent (et j’entre ici dans ce que vous voulez dire aux autres) que vous êtes overbooké·e, très occupé·e, très pris·e, très impliqué·e, que vous n’avez pas de temps pour vous.

Dans ces deux réalités, vous voulez dire à peu près la même chose. Avant d’aller, plus loin je voudrais que vous mesurez cela : 

  • Que voulez-vous dire ? 
  • Que voulez-vous que les autres lisent à votre sujet ?
  • Que voulez-vous lire de vous-même sur vous-même ? 
  • De quoi avez-vous peur si vous arrêtiez de remplir ? 
  • De quoi avez-vous peur quand vous voyez vous-mêmes disponible et que votre agenda n’est pas plein à craquer ?

Le mythe du bon travailleur

Il est vrai que notre société a tendance à donner l’impression que le remplissage est nécessaire, exemplaire même. Cela me fait penser à l’une de mes filles qui travaille à Amsterdam en ce moment. Or, en me parlant de son emploi du temps, je découvre qu’elle travaille le lundi, mardi, le jeudi et le vendredi de 9h à 17h. Impressionnant !

La semaine dernière, j’entendais quelqu’un me parler d’un employé au Canada qui travailler à des horaires quasiment identiques à ceux-là. Pourquoi nous, en France, avons besoin de remplir ? Et si vous quittez le travail à l’heure, vous êtes un·e mauvais employé·e, en fait. On encourage à instaurer une sorte de débordement, à en donner davantage, à arriver bien plus tôt et à partir bien plus tard que prévu. A donner l’impression que l’on est hyper occupé·e en quasi permanence. Pourquoi cette tendance ?

Les cinq blessures qui nous empêchent d’être soi-même

Je pense à Lise Bourbeau, autrice très connue. Elle est la fondatrice du centre de formation ETC (écoute ton corps), la plus grande école de développement personnel canadienne. Elle a écrit plusieurs livres comme « La puissance de l’acceptation » et «Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même», deux livres que je vous recommande, d’ailleurs. Dans ce dernier livre, elle écrit qu’en vivant une blessure d’humiliation, on adopte le masque du masochiste, une tendance à entrer dans le trop.

Là encore, vous pouvez peut-être vous interroger en vous disant « effectivement, je me rends compte que j’ai tendance à être trop occupé·e, que je remplis considérablement. Est-ce en relation avec une blessure d’humiliation ? Est-ce que mon histoire personnelle en relation avec mes parents et, en particulier avec celui/celle des deux qui s’est occupé de mon développement physique, se trouve marquée par de l’humiliation ?». Cela pourrait expliquer que vous ayez tendance à aller dans le trop. Du coup, à chercher à vous prouver que vous valez quelque chose. Pour ce faire, vous pourriez chercher à avoir un agenda surchargé et à remplir pour montrer que vous êtes quelqu’un d’important·e.

En quête d’approbation, de mérite et de reconnaissance 

Cela peut conduire à la recherche du mérite. Nous souhaitons un agenda hyper chargé afin de conduise les autres à penser que nous sommes important·e, quelqu’un·e en qui on a confiance.

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Du coup cela nous pousse à la recherche de reconnaissance. Vu le travail considérable produit, on se rend compte que l’on a beaucoup trop peu de temps pour soi, parce que l’on a été très très pris·e. On a été dévoué·e, on a fait énormément dans le but d‘être reconnu·e. étymologiquement, connu·e de nouveau, c’est-à-dire que l’on nous regarde comme quelqu’un·e de nouveau, avec un nouveau regard. 

Tenant fermement à ce que l’investissement rapporte, nous sommes prêt·e à payer cher. Cela nourrit le besoin d’avoir un agenda surchargé dans lequel on se néglige, on s’abîme soi-même dans le but d’obtenir de l’approbation, du mérite et de la reconnaissance.

profiter de la vie

Un défi entre le faire et l’être

Quand on a cette tendance à être non disponible, c’est que l’on a un défi à vivre entre le faire et l’être. Ce défi ne s’adresse-t-il pas à nous tous, me direz-vous. Et je vous répondrai que vous avez raison ! Nous vivons tous une dualité depuis notre petite enfance dans laquelle nous avons découvert qu’être était bien, tout en n’étant pas si bien que cela à la fois ! Nous y avons découvert la nécessité d’être en adaptation permanente. Quand on faisait une chose, il était possible d’être félicité·e, récompensé·e et parfois primé·e. Alors qu’en étant qui l’on était, il était possible de se faire disputer, réprimer ou limiter. 

Ainsi on a fini par mettre le faire en avant en plaçant l’être en arrière plan et, pire encore, à faire en sorte que ce dernier ne se manifeste que de temps en temps, quand on est seul, que l’on peut se lâcher en veillant à vivre, la plupart du temps, derrière des masques, des carapaces, des structures, des rôles et, notamment, des rôles qui favorisent l’impression d’être accepté·e. 

En effet, quand on a tendance à n’être pas disponible, à être hyper occupé·e, on met le faire en avant. On aime faire, faire et faire encore. Ainsi, on minimise l’être. Je vous propose d’adopter une nouvelle croyance consistant à croire que le faire n’a aucun impact sur l’être

Oh là, là, je sens que certains, parmi vous, se mettent à vibrer en se disant « mais que dit-il ? Ce n’est pas possible de croire cela ! ». Pourtant, le faire n’a aucun impact sur l’être. Je le répète, en effet. Voulez-vous que je le dise une fois encore ? Ce sera avec plaisir : Le faire n’a aucun impact sur l’être. Tout au contraire, c’est l’être qui décide de l’impact du faire sur lui. Pour faire justice à ma répétition antérieure, je répéterai ce que je viens de dire : c’est l’être qui choisit l’impact qu’aura le faire sur lui.

Adopter une nouvelle croyance  

Je sais que nous n’aimons pas les nouvelles croyances. Celles que nous avons déjà adoptées sont bien, elles nous ont fait du bien jusqu’à maintenant. Elles le sont d’autant plus que nous les avons testées sur le terrain, nous les avons validées. Cette présente et nouvelle croyance est d’autant plus difficile à accepter que l’ancienne est hyper bien enracinée. Ces racines sont tellement profondes que nous pouvons en identifier depuis l’enfance. 

Imaginez qu’un immense chêne vous symbolise. Croire que le faire a un impact sur l’être fait partie de ses plus grosses racines. Cela signifie qu’il faille employer des grues, une tractopelle énorme et entreprendre un chantier colossal pour envisager de changer cette croyance racinaire. C’est ce que vous croyez et qui nourrit la thèse de l’impossibilité de changer de croyances. Or, c’est faux. Effectivement les racines sont énormes, mais vous savez qu’il est possible de changer de croyances même avec des racines énormes sans avoir à faire appel à toute une artillerie de chantier pour envisager un changement. Vous pouvez choisir d’adopter la nouvelle croyance qui affirme que c’est l’être qui décide de l’impact du faire sur vous-même

En conséquence, si vous choisissez qu’une situation à laquelle vous assistez n’ait pas d’impact sur vous, vous la vivrez sans subir d’impact. Ah ! me direz-vous, s’il s’agit d’un impact physique comme une voiture qui me rentre dedans, je ne peux empêcher l’impact sur mon être. Bien entendu, cela aura un impact sur votre être, mais cela n’aura aucun impact sur votre manière de vivre le fait que la voiture vous soit rentrée dedans. Vous resterez libre, en tant qu’être, de vivre ce que vous venez de subir comme vous choisirez de le vivre. Ce n’est pas le faire qui déterminera votre manière de vivre. D’ailleurs, l’être là toujours emporté sur le faire. Il y a des êtres pensants qui réfléchissent avant d’agir et cela vous arrive aussi 🙂 et je suis certain que ce n’est pas rarissime ! 

Les deux portes d’entrée 

Nous pourrions prendre l’image de deux portes d’entrée pour illustrer le faire et l’être : 

  • La porte d’entrée du faire donne à à lire ou à voir de soi aux autres. 
  • La porte d’entrée de l’être donne à lire ou à voir de la même manière aux autres.

Ces deux portes se ressemblent énormément. C’est  d’ailleurs tellement le cas que nous avons tendance à les confondre. Seulement, la différence notable entre les deux est que la porte du faire se vit dans un masquage de soi, dans des jeux de rôle alors que l’être se vit dans une acceptation de soi, dans un soi manifesté. 

La différence est colossale, finalement. L’idée n’est pas de jeter le faire par la fenêtre. Si vous êtes parents, vous avez un rôle parental vis-à-vis de vos enfants. Vous n’êtes pas obligé·e de l’adopter en contradiction avec l’être humain que vous êtes. En ce sens, je rejoins le travail de Thomas Gordon qui, dans son livre « Parent efficace » souligne l’importance qu’un parent soit congruent, qu’il soit en relation avec lui-même, en mesure de ne pas se mentir à lui-même dans sa relation avec son enfant même s’il semble manifester des faiblesses. Même s’il semble manifester des incohérences. 

Comme ça a été le cas pour moi, un enfant ne manquera pas de dire « papa, tu dis ça, mais tu fais autre chose ! ». C’est une opportunité pour reconnaître qu’il y a une distance entre mon faire et mon être, une forme de dissonance. C’est le moment d’en prendre connaissance et d’être reconnaissant pour cette information. En même temps, je m’enrichis de la prise de conscience que c’est mon enfant qui m’apprend à être parent, c’est lui qui m’apprend à l’éduquer. Il n’existe pas d’école de parent meilleure que celle que les enfants proposent à leurs propres parents.

Place à l’exercice

Pour la suite de ce rendez-vous, je vous présente l’exercice en cinq étapes dont je vous ai fait mention au début. 

Bien entendu, je vous encourage à faire ce travail par écrit. Si vous avez un Cahier de vie, prenez-le. Si vous ne savez pas de quoi je parle, allez écouter le rendez-vous qui s’intitule « Rendez-vous avec vous-même ». J’en profite, d’ailleurs, pour vous rappeler le très bon podcast publié sur France Inter dans le cadre de l’émission « Grand bien vous fasse » qui valorise l’intérêt de l’écriture intime. Cliquer sur ce lien à fin d’y accéder.

Cela dit, même si vous n’avez pas de Cahier de vie, prenez une feuille libre et écrivez le nom de certaines personnes qui vous acceptent comme vous êtes, sans que vous ayez besoin de chercher à donner une belle image de vous.

Vous avez noté que j’ai employé le terme « masquage » qui est également employé en neurosciences. Je l’ai choisi parce que l’on n’est pas conscient de cette tentative de masquage de soi. Le phénomène de masquage est une réalité qu’il ne nous est pas possible de voir. Il ne s’agit pas d’un choix déterminé, on ne le voit tout simplement pas.

Pour chaque étape de cet exercice, je vous inviterai à mettre ce rendez-vous sur pause pour prendre le temps d’écrire. Ainsi, vous pourrez vraiment profiter de la richesse de ce que vous produirez de manière à être plus disponible.

La première étape : qui m’accepte comme je suis ?

Cette question est à poser avec un réel fond, une relation dans laquelle je sors de la nécessité de faire appel à un masquage. Du coup, je prends conscience de n’avoir pas besoin de veiller à l’aspect de la chose qui sera partagée. Il est donc bien question d’une personne qui m’accepte vraiment. 

La deuxième étape : de quoi/de qui ai-je peur ?

Cette question est en relation avec une volonté d’éviter de me montrer. Du coup, je viserai ce qui m’empêche de me sentir moi. On pourrait compléter cette question ou la formuler autrement en disant : avec qui ai-je peur de me sentir rejetée ? Et vous voyez ou percevez que cette formulation réfléchie avec un « me » est bien en relation avec moi. C’est bien moi qui ai peur de me sentir rejeté·e. Cela ne veut pas dire que les autres me rejettent. Je ne peux pas le savoir étant donné que j’ai fonctionné en masquage.

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Certains me diraient « je confirme avoir été déjà rejeté·e quand j’ai été comme ceci et comme cela ». J’entends et ne le nie pas, seulement vous savez que ce n’est pas parce que vous avez été rejeté·e par 1, 5 ou 10 personnes que vous le serez par 11, 12 ou 20 autres personnes. Il est possible que les personnes qui vous ont rejeté ne vous rejetaient pas vous, mais rejetaient une part d’elle-même qu’elle ne supporte pas. Par conséquent, elles refusaient qu’elle soit manifestée par quelqu’un d’autre, ailleurs. Il est tout à fait possible que le rejet ne vous visait donc pas. 

Cela souligne l’importance d’une question réfléchie dans laquelle je m’interroge sur ma propre peur ; de quoi/qui ai-je peur, moi ? Je suis celui qui me fait peur. Ce n’est sans doute pas quelqu’un d’autre qui me fait peur. 

La troisième étape : accepter de ne pas être aimé

À présent, accepter de ne pas être aimé·e est une invitation. Je sais qu’on me dit souvent « c’est facile à dire, mais ce n’est pas facile à faire ». C’est juste. Cela demande un travail, parfois même un accompagnement, pour accepter de ne pas être aimé·e. On a l’impression de se trouver en danger si l’on n’est pas aimé·e. On a alors une tendance à confondre se détacher et être rejeté·e. Or, ce n’est pas parce qu’une personne s’est détachée de nous, parce qu’elle ne voulait plus être notre ami·e, ou notre amour, qu’elle nous a rejeté·e.  

D’ailleurs, c’est valable pour vous. Vous pourriez avoir acheté deux ou trois paires de lunettes. A l’usage, vous en portez une au « détriment » des deux autres. Mais, est-ce vraiment au détriment des deux autres ou est-ce au bénéfice de celle que vous portez ? Vous percevez qu’il n’a pas forcément à rejet parce qu’il y a détachement. Vous vous êtes détaché·e de deux paires de lunettes sans pour autant que cela veuille dire que vous ne les aimez pas, ou que vous les détestez, ou encore, que vous les rejetez.

Dans les relations humaines, il importe également que nous parvenions à ne pas confondre le détachement et le rejet en acceptant de ne pas être aimé·e. Accepter de ne pas être aimé c’est accepter que l’autre a le droit d’exister dans son individualité, dans sa liberté d’être. Il n’est pas obligé de faire ce que l’on voudrait.  

Apprécieriez-vous que quelqu’un fasse mine de vous aimer alors que ce n’est pas le cas ? Il ferait comme si afin d’éviter que vous vous sentiez rejeté·e parce que vous ne supporteriez pas le détachement. Ou préféreriez-vous que la personne se détache en étant elle-même et vous montre véritablement son visage, son choix personnel qui n’a rien à voir avec le rejet, mais avec sa volonté d’être, de se manifester comme elle est ? 

La quatrième étape : choisir de s’aimer quoi qu’il en soit

La quatrième étape de notre exercice consiste à choisir de s’aimer avec nos imperfections, nos failles, nos défauts, nos défauts d’aspect, nos limites, nos absences de qualités, etc. Il s’agit de choisir de s’aimer en l’état.

J’aime cette expression. Si vous achetez un bien immobilier dans l’ancien, comme on dit, on vous demandera de l’acheter en l’état. C’est précisé sur les documents d’acquisition. Cela signifie qu’après acquisition, vous découvrirez des problèmes d’humidité, une toiture partiellement abîmée qui nécessite d’être refaite ou des aspects du bien qui ne sont pas aux normes et, quoi qu’il arrive, vous accepterez que ces probabilités existent. Finalement, on vous demandera de valider que vous accepterez que les choses soient comme ça, avec leurs défauts, leurs imperfections, leurs failles. 

Vous avez été «fabriqué·e» comme vous êtes. Du coup, vous êtes comme ça, en l’état. On ne peut pas aller déposer une réclamation au fabricant sur les défauts constatés après fabrication ! Vous ne pouvez pas aller voir un mécano pour vous réparer et faire en sorte que votre doigt légèrement tordu ou autre chose qui ne vous plait pas soit différent. Acceptez-vous en l’état en acceptant que l’on ne puisse pas faire du neuf avec vous. Vous conserverez le charme de l’ancien 😉

Un bébé ne naît pas tout neuf

Même si, apparemment, un enfant humain naît tout neuf, ce n’est pas le cas. Il naît avec une partie de la charge de ses ancêtres, de leur parcours, de leur chemin ancestral qui fait qu’il arrive à la vie cabossé même bébé. Quand je parle de bagages ancestraux, il n’est pas question de parents et grands-parents uniquement. Je parle là de pluri-séculaire, de millénaires. Il s’agit d’une réalité lourde, chargée. Je ne veux pas donner l’impression que c’est grave et minable. Je veux simplement souligner la réalité de tares (au sens propre du terme) ainsi que de qualités de ceux et celles qui ont précédé ce bébé depuis très longtemps. 

Acceptez-vous en l’état. Quelque part, verbalisez-le en disant « OK, je découvre que je suis comme ça avec tel aspect de moi que je n’aime pas. J’ai aussi constaté telle faille et imperfection qui font que je ressens tel complexe. Je choisis de m’accepter en l’état, comme ça ».

Quand j’étais enfant, nous allions à la piscine avec l’école. Je vivais une vraie difficulté au moment de me déshabiller parce que je trouvais que mes pieds étaient moches. Je ne les aimais pas du tout. Bien entendu, avec la cruauté naturelle des enfants, l’un ou l’autre a fait une remarque sur mes pieds, ce qui a considérablement ancré ce malaise. En conséquence, j’ai eu une volonté de les cacher. Je le faisais en mettant à pied l’un sur l’autre en croisant les jambes. J’ai également essayé de me contorsionner pour les mettre l’un derrière l’autre. J’avais trouvé l’astuce de me préparer lentement pour être dans l’eau le plus rapidement possible.

À l’adolescence, j’ai vu que c’était à peu près pareil au point d’en faire un réel complexe. Avec le temps, j’ai commencé à faire preuve de dérision sur mes propres pieds. Malgré tout, c’était encore trop gênant de les montrer. Après plusieurs décennies, je suis arrivé à me dire « Pascal, je vois que tu as accepté tes pieds». J’ai accepté que mes pieds seraient comme ça et que je ne pouvais pas les changer. La réconciliation avec mes pieds a été bénéfique. Elle m’a permis d’apaiser les choses au point qu’ils se trouvent en photo dans mon bureau. Sacrée réconciliation, n‘est-ce pas ! 

La réconciliation avec vos failles, vos défauts, les aspects de vous qui ne vous conviennent pas est bien aidante pour vivre heureux. Mes pieds n’ont pas changé. Je les ai acceptés en l’état. 

La cinquième étape : être plus que faire

Le dernier aspect de cet exercice consiste à être davantage et en faire moins quotidiennement. En arrivant-là, vous serrez davantage disponible. Vous aurez la capacité de vous poser et de limiter le besoin de remplir. Quand vous verrez poindre ce besoin, vous pourrez vous dire : 

  • De quoi ai-je peur ? 
  • Qu’est-ce que je vais fuir ? 
  • Ai-je peur d’être rejetée ? 
  • Ai-je besoin de prouver quelque chose ? 
  • Suis-je en quête d’un mérite ? 
  • Est-ce que je cherche à recevoir de la reconnaissance ? 
  • Etc.

Vous prendrez la mesure que vous n’avez pas besoin de reconnaissance en provenance des autres, ni même de leur admiration. Apprenez à acquérir votre propre reconnaissance. Apprenez à accepter que les autres ne vous aiment pas. Par conséquent, si vous ne vivez pas au rythme que les autres attendent, mais que votre rythme de vie correspond à ce qui vous semble juste (dans le sens de adapté à votre identité), vous vous en satisferez. Tant pis ou dommage pour les autres.

La disponibilité peut se planifier 

Construisez votre journée en étant plus disponible pour vous-même, d’abord. C’est une manière de semer des fleurs dans votre quotidien. Ainsi, vous prendrez du temps avec vous-même, vous regarderez votre journée autrement. 

D’ailleurs, un des outils qui peut vous aider à être plus facilement disponible est de planifier et de créer des zones d’aération, des pauses, des espaces pendant lesquels vous ne serrez pas occupé·e. Dans ces moments-là, vous vous autoriserez à rêver, à faire une sieste, à boire un verre, à vous regarder dans le miroir, à vous marrer et à ne rien faire. Vous pourrez aussi méditer, pratique de la cohérence cardiaque, etc. 

Avez-vous remarqué que dans plusieurs éléments mentionnés ci-dessus le verbe faire reste très présent. Il l’est dans notre langage quotidien français. Peut-être est-ce un révélateur de notre besoin d’apprendre à nous détacher du faire pour mettre davantage l’accent sur l’être pour se retrouver avec soi-même. Ainsi, être plus disponible à soi-même pour l’être ensuite de manière raisonnable avec les autres.

Il ne me reste plus que vous souhaiter une bonne semaine

Bye-bye 

Crédit photo : Pexels

4 commentaires

  1. Merci pour cet article et le podcast !
    Pour ma part, j’ai souvent l’impression de ne pas être suffisamment disponible pour mon fils. Du coup j’essaie de faire en sorte que mon travail ne déborde pas sur mon temps de famille. Je me bloque également des zones pour moi et pour les autres.

    1. Author

      Isabelle, je vois que tu as compris l’aide que peut nous apporter la planification pour limiter le débordement (même si elle n’est pas efficace pour tout le monde ;-).
      Cela dit, pour ton fils, il serait judicieux de connaître ses canaux d’accueil d’amour (ou langages de l’amour) pour investir là où il en a besoin. Peut-être a-t-il besoin de très peu de temp avec toi mais de cadeaux hebdomadaires ou de paroles qui montrent que tu le soutien et l’aime quoi qu’il fasse, vois-tu ?
      Après, les zones que tu bloques pour toi et les autres sont, comme j’aime le dire, des respirations de bonheur. Continue, surtout.

    1. Author

      Oui, Christine, il est difficile de moins remplir quand on est passionné. Est-ce réellement lié à la passion ou à un déséquilibre de passion(s) ? Il est bien plus stabilisant d’avoir plusieurs centre d’intérêts forts que nous utilisons pour nous exprimer. De ce fait, si l’un d’entre eux disparaissait, nous continuerions d’être, sans avoir le sentiment d’avoir été engloutit avec lui.
      Grâce à une meilleure répartition des investissements de soi, il devient plus aisé de moins remplir, donnant une place plus raisonnée à plusieurs centres d’intérêts.

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