42# Accepter de déplaire

Déplaire peut s’avérer être un défi quand vous avez pris l’habitude de tout faire pour plaire. Déplaire ouvre sur des peurs de rejet, d’indifférence. En réalité, il ne s’agit pas de déplaire mais d’être soi-même au risque de déplaire. 

Pourquoi jouer un rôle pour plaire ? Pourquoi ne pas être plus près de vous-même, que vous soyez en groupe ou couple ? Quel(s) risque(s) prenez-vous, au fond ? 

Dans cette émission, vous verrez : 

  • Comprendre ce qui « se joue » en vous quand vous jouez des rôles pour plaire
  • Quel est l’impact de cette volonté de plaire à tout prix sur votre image de vous-même et, par conséquent, sur votre bonheur
  • Prendre conscience de votre relation avec avec les rôles que vous jouez sans doute
  • Les avantages à oser déplaire

Transcription intégrale

42# Accepter de déplaire 

Bonjour à tous, 

Vous avez besoin de plaire et vous sentez que votre vie est parfois dictée par ce besoin. Non pas que vous ayez systématiquement besoin que ce soit le cas, mais vous percevez, de temps à autre, cette nécessité de plaire. Si vous vous êtes rendus compte que cette recherche est fréquente, vous avez bien raison d’écouter cette émission. Car je tiens à vous encourager à vivre libéré(e) de la nécessité de plaire. 

  • Vous vous êtes entendu rire pour faire plaisir à la personne qui a raconté une blague que vous ne trouviez pas drôle
  • Vous avez fait mine d’apprécier le plat que quelqu’un avait cuisiné lors d’un déjeuner ou d’un diner 
  • Vous avez remercié pour un cadeau que l’on vous a offert sans oser dire qu’il ne vous plaisait pas
  • Vous avez accepté de diviser la note du restaurant par le nombre de personnes alors que vous ressentiez l’injustice
  • Votre manière de parler s’adapte au style des personnes qui sont avec vous. Vous ne voulez pas détonner
  • Vous avez du mal à acheter des vêtements sans demander l’avis d’un copain ou d’une copine. Et surtout, vous n’achetez pas un vêtement même s’il vous plaît, si vous vous rendez compte qu’il ne plaît pas à votre copain(ine) ! 

« Qu’est-ce qu’il est sympa » ! Est une phrase tellement recherchée. Elle fait du bien. Pourtant, elle est souvent bien vide. Elle veut généralement dire « Qu’est-ce qu’il correspond à ce que je voulais qu’il soit ! ». C’est super de vouloir être sympa mais si vous étiez vous-même, est-ce que vous seriez sympa ? 

Parfois oui ! Je vous l’assure. Et parfois non, c’est certain. Et alors, où est le problème ?

Comprendre la volonté de plaire

L’attachement à l’image que les gens ont de soi est à la base du vouloir plaire. 

Dans la balance de l’estime de soi, il est tout à fait légitime d’y retrouver une volonté de plaire. Nous avons besoin d’être aimé, apprécié, valorisé. Ces dimensions relationnelles viennent nourrir un besoin profond qui est celui d’être aimé. Mieux vaut tout de même être aimé pour ce que vous êtes vraiment, non ? …pour qui vous êtes. Nous y reviendrons. 

Dans la partie immergée de l’iceberg de notre besoin d’amour, est enfouie une motivation de quête. Chez un humain qui a appris à nourrir seul l’amour de lui-même, un équilibre s’instaure entre sa capacité à auto-alimenter l’amour de soi et le besoin de reconnaissance. Comme je l’abordais dans l’émission « S’aimer soi-même », il est nécessaire d’apprendre à s’aimer pour ne pas dépendre de l’amour des autres pour vivre. Adopter cette dépendance d’autrui est une forme de dépendance fragilisante. C’est également un leurre de croire que l’amour vient de l’extérieur. La plupart des personnes qui pensent cela pensent également que le bonheur vient de l’extérieur. La source de l’amour avec un grand A est extérieure mais l’amour à vivre, à donner, part de l’intérieur de vous-même. Il est même nécessaire de vivre un amour de soi intérieur pour vivre l’amour à recevoir et à donner. 

La quête qui vous pousse à vouloir plaire peut être illustrée par un trépied relationnel. L’équilibre de ces relations constitue une base pour vivre l’amour. Il s’agit de l’équilibre entre : 

  1. La source de l’amour avec un grand A,
  2. L’amour que vous vivez de l’intérieur
  3. L’amour que vous donnez / recevez

Ce dernier aspect est le résultat des deux premiers. Surtout, gardez à l’esprit cette image du trépied (1+2+3). Elle est à la source de l’équilibre naturel. La réelle stabilité débute avec le chiffre trois. 

Je vous invite à un exercice : 

1) Sur votre cahier de vie, « entrez en vous-même » et écrivez la source de votre amour avec un grand A, cette source extérieure. Même si vous êtes athée ou agnostique, identifiez-en une. Prenez la mesure que tout ne démarre pas en l’humain. Il est un élément dans un ensemble. N’étant pas à l’origine de tout, il vit une dépendance d’avec le tout, dépendance intrinsèque. 

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :   5# La bienveillance

2) Une fois que vous avez identifié cette source de l’amour avec un grand A, identifiez ce qui nourrit l’amour que vous vous portez à vous-même

Il m’est arrivé récemment de demander « Est-ce que vous vous aimez ? » à un homme de près de quarante ans. Sa réponse s’est exprimée en larmes. Près de quarante années sans s’aimer lui-même. Il était conscient d’être passé à côté de quelque chose. 

Et vous, quelles réponses donnerez-vous à cette question ? Si votre réponse est négative, vous verrez votre besoin de plaire à la taille XXXXXL. A l’inverse, si votre réponse est positive, votre besoin sera plus proche d’une taille M ou L. 

3) Enfin, visualisez l’amour que vous portez à d’autres. Est-il gratuit ? Si votre réponse aux deux points précédents est « néant » ou « trop flou », votre réponse à ce point n°3 sera sans doute « non ». Votre amour sera par conséquent payant. Laissez-moi poursuivre pour mieux me faire comprendre sur cette notion d’amour payant et gratuit. 

L’amour est gratuit quand son intention est de donner pour donner. C’est une expression assez étrange. C’est la raison pour laquelle elle n’existe que pour moi. « Donner pour donner » est bien différent de « donner pour recevoir. ». Quand on donne, c’est pour donner, normalement ! Mais, en êtes-vous sûr ? Combien de fois ai-je perçu en moi la volonté de faire un cadeau pour recevoir un grand merci.  Je me suis soigné et je dois continuer à le faire quand je sens poindre à l’horizon le spectre de cette envie de donner pour mon plaisir personnel.   

« Donner pour recevoir » consiste à se servir des autres pour sa propre satisfaction. Cette tendance est naturelle si vous n’avez pas trouvé le moyen de nourrir un amour propre. Les autres vous serviront inconsciemment de moyens pour assouvir vos besoins. C’est donc un amour payant. 

« Donner pour donner » consiste à servir les autres pour leur propre satisfaction.  Il y a très peu de différences entre ces deux expressions, finalement. Pourtant, ces différences minimes changent énormément les choses. Dans cette deuxième dynamique, vous ne chercherez pas à plaire pour vous-même mais vous agirez pour le bénéfice de l’autre. Par conséquent, si vous déplaisez, il n’y aura aucun impact sur votre image de vous-même. Votre valeur restera stable. Votre amour sera alors gratuit. 

L’humain a horreur d’être en dehors du groupe. Il est un être social. Pour y rester, il est capable de faire des compromis considérables. Regardez à quel point vous vous sentez bien dans les petits ou grands groupes que vous fréquentez. Vous visualiser dans ces groupes, avec honnêteté, peut vous aider à identifier votre volonté de plaire ou pas. Si vous constatez que vous restez fidèle à vos valeurs, à votre manière d’être, vous êtes sans doute libéré de la volonté de plaire. Dans le cas contraire, vous serez éclairé sur votre motivation enfermante. Notez tout de même que vous pouvez être plus ou moins proche de vous-même en fonction des groupes que vous fréquentez. Par conséquent, vous pouvez chercher à plaire en vous éloignant de vous-même dans tel et tel groupe alors qu’ailleurs, vous êtes vous-même. 

4) Pour continuer l’exercice, notez ces groupes dans lesquels le décalage d’avec vous-même est flagrant. Puis, prenez de la hauteur et identifiez ce qui se joue. Pour ce faire, répondez aux questions suivantes : 

– De qui recherchez-vous l’approbation ? 

– Pour quelles raisons (au pluriel) ? 

– Si vous n’étiez pas approuvé, qu’est-ce que cela changerait dans votre vie ? 

A partir de là, se pose le choix de vous sevrer de ce groupe le temps de retrouver le moyen de nourrir votre amour-propre à partir de la source A puis de ce que vous avez opté de vivre pour nourrir l’amour pour vous-même. 

Pourquoi vous libérer de la volonté de plaire ? 

  • Commençons par la réponse la plus simple : votre bonheur présent et à venir en dépendent. 
  • Deuxième réponse évidente : vous vivrez plus léger, avec un sentiment de liberté

Reprenons ces deux raisons : 

Votre bonheur présent et à venir en dépendent

En cherchant à savoir ce que vous faites, dites, mangez, portez,… vous vous imposez un stress. C’est d’autant plus nocif que vous ne pourrez pas plaire à tout le monde, ni même à toutes les personnes qui comptent pour vous. 

Poursuivez l’exercice avec ces questions : Est-ce que les personnes que vous aimez portent toujours des vêtements que vous trouvez super ? Est-ce qu’elles ne disent que des choses qui vous plaisent ? Sont-elles toujours d’accords avec vous ? Aiment-elles les mêmes plats que vous, les mêmes films, les mêmes musiques et les mêmes déco ?

Si vous avez répondu à ces questions, vous avez certainement souvent dit « Non » ! Et c’est génial parce que cela vous place face à la réalité que des personnes vous plaisent alors que plusieurs de leurs goûts ne correspondent pas aux vôtres ! Je le redis « c’est génial ». Cela illustre bien que vous pouvez aimer passer du temps avec des personnes qui ont des traits déplaisant à vos yeux. Pourquoi l’inverse ne serait-il pas vrai ? 

Vous êtes témoin du bonheur de ces personnes et vous vous enfouissez sous une liste d’exigences qui ne vous correspondent pas, dans le but d’être heureux, comme elles. Mais regardez bien, leur bonheur ne dépend pas de vous mais bien d’elles-mêmes. Chacune de ces personnes vit le bonheur qu’elle a choisi, que ça vous plaise ou pas. 

Vous vivrez plus léger, avec un sentiment de liberté

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :   175# Contrôler nos émotions

Le bonheur possède des racines communes avec la liberté. Vous serez heureux(se) dans la mesure où vous vous sentirez libre d’être, de dire, de faire, de ne pas dire, de ne pas faire, d’aimer et de détester, de rire ou de pleurer, etc. 

Vous avez parfois le sentiment que vous ne l’êtes pas ? Notez que ni la liberté ni le bonheur ne poussent par hasard. Ils demandent qu’on y aspire, qu’on les choisisse. Et là ! Boom ! La liberté s’enclenche. Parfois, il arrive que cette liberté soit difficile à atteindre, c’est vrai. Toutefois, une fois que le choix est fait, à l’instant même, la liberté peut déployer ses premiers signes.

En disant cela, je pense à Nelson Mandela. Il disait « Etre libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. ». Dans ce sujet d’aujourd’hui, vivre la liberté implique d’accepter que les autres aient le droit de ne pas vous apprécier. 

Chercher à plaire est une manière de sur-fonctionner. Vous augmentez considérablement le carburant dont vous avez besoin pour avancer et risquez l’épuisement prématuré. 

Vous vous exposez au risque de ne plus vous aimer

Une des raisons supplémentaires qui m’incite à vous encourager à accepter de déplaire est le risque de dépréciation.

Il est assez étrange d’associer la recherche qui consiste à plaire à la dépréciation de soi. Pourtant, ces deux réalités se côtoient. En effet, quand vous entrez dans la recherche qui a pour but de plaire, vous vous investissez beaucoup. Comme je viens de le dire, vous sur-consommez pour être quelqu’un que vous n’êtes pas. La version la plus économique est normalement d’être soi. Or, mettant la barre plus haut, vous redoublez d’effort. La nature veut que face à un effort plus important que la normal, s’en suive un repos supérieur à la normale. Et plus long est l’effort et plus long sera le repos nécessaire. Le stress vécu, dans le but de plaire, conduira donc naturellement, à la tension . On peut en parler en terme de pression / dépression. Après une pression importante, la nature a prévu la dé-pression. Ce phénomène a pour but de rétablir un équilibre rompu par l’excès de pression, de stress. 

Sur le plan physiologique, il y a un impact. Il peut s’agir de troubles du sommeil, de phobies, de comportement de compensation de type boulimique ou d’angoisses.  

Sur le plan émotionnel, vous l’avez deviné, il peut s’agir de dépression, de fatigue morale croissante et de dépréciation personnelle.

Expliquer l’auto-dépréciation 

Le fait d’avoir élevé l’exigence, vous tend vers un résultat. Que ce dernier soit atteint ou non, votre inconscient sait que vous n’êtes pas celui ou celle que vous avez prétendu être. Et comme le cerveau a horreur des contradictions, il corrigera par la raison l’écart constaté. L’effort pour plaire est généralement conscient avant de devenir un possible nouveau mode de fonctionnement, comme on enclenche un pilotage automatique. Et à chaque fois qu’un écart est validé par le conscient, une insatisfaction se manifeste. Il peut s’agir d’une pensée ou d’une émotion. C’est comme si vous preniez conscience que vous êtes moins bien que ce que vous avez montré. Ce peut être encore plus fort quand le résultat attendu a été en deçà de ce que vous vouliez montrer. La dépréciation peut être plus profonde et plus durable. 

Les avantages de se libérer du vouloir plaire

Le premier avantage est qu’il fera fuir les personnes qui n’aiment que l’image que vous leur avez donné de voir pour leur plaire. Bien entendu, cela peut déboucher sur des séparations difficiles. Il est possible que vous ne fréquentiez plus certains groupes. Mais entendez que rien n’est définitif. Peut-être aurez-vous besoin d’une certaine distance pour vous construire en celui ou celle que vous êtes, avant de revenir. Par contre, il est peut-être judicieux de prévenir de votre volonté de jouer franc jeu avec eux. Si vous aimez les surprises, vous pouvez aussi opter pour un éventuel retour sans rien dire. Vous verrez assez vite si votre place était réservée à l’apparence que vous proposiez ou à la personne que vous êtes. 

Le deuxième avantage est le tri énorme que cela peut faire dans vos relations. Vous vous retrouverez sans doute avec moins de copains et copines, c’est sûr. Cela dit, ceux qui resteront sauront qui vous êtes. 

Le troisième avantage est l’absence d’ambiguïté. Vous savez que les personnes qui disent vous aimer vous aiment, vous. Elles n’aiment pas le rôle que vous jouez et, évidemment, cela impacte l’amour que vous vous portez. 

La peur de déplaire peut conduire à l’isolement, contrairement à ce que les personnes (qui vivent avec cette peur) pensent. Car, une fois seul(e), vous reprenez conscience d’être la seule personne à vous connaître. Or, en étant vous-même, vous rencontrez des personnes capables de vous aimer pour qui vous êtes, avec vos mauvais côtés. C’est d’autant plus surprenant que certaines choses que vous n’aimez pas peuvent être appréciées par d’autres, dans votre manière d’être. 

Vous vous voyez entouré(e) uniquement de personnes qui vous aiment vraiment ? Ce que j’aime dans l’adverbe « vraiment » c’est la force du vrai qu’il contient. Il n’y a pas de fake, d’entourloupe, de tromperie. Que du vrai. Comme on disait gamin « c’est pour de vrai ». 

Accepter de déplaire, c’est une invitation à vivre « pour de vrai », avoir autour de vous des personnes qui vous aiment « pour de vrai », aussi. Un véritable encouragement à aimer ce qui est vrai. 

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne semaine, 

Bye bye

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.